Depuis l’aube de la nation américaine, le pygargue à tête blanche plane fièrement dans le ciel et dans l’imaginaire collectif du pays. Mais saviez-vous que malgré son omniprésence en tant qu’emblème, ce n’est que très récemment qu’il a été officiellement désigné comme l’oiseau national des États-Unis ?
L’aigle chauve : un symbole américain incontournable
Arborant sa tête et sa queue blanches contrastant avec son corps brun foncé, le pygargue à tête blanche, surnommé « bald eagle » (aigle chauve) par les anglophones, est indissociable de l’identité américaine. On le retrouve sur le Grand Sceau des États-Unis depuis 1782, ainsi que sur de nombreux autres sceaux officiels comme ceux de la présidence, de la CIA ou de la NSA.
L’oiseau inspire un sentiment de majesté, de liberté et de force qui résonne avec les valeurs fondatrices de la nation. Son image est partout : des pièces de monnaie aux bâtiments publics en passant par d’innombrables logos. Pourtant, aussi surprenant que cela puisse paraître, ce n’est que le 25 décembre 2024 que le président Joe Biden a signé la loi faisant officiellement du pygargue l’oiseau national.
Les origines d’un emblème
L’histoire de l’adoption du pygargue comme symbole remonte aux lendemains de l’indépendance. En 1776, le Congrès charge un comité, dont font partie Thomas Jefferson et Benjamin Franklin, de concevoir le Grand Sceau des États-Unis. Après 6 ans de travaux, le dessin final est adopté en 1782, mettant en scène le fameux rapace.
Le choix ne faisait cependant pas l’unanimité. Benjamin Franklin lui préférait le dindon sauvage, qu’il jugeait certes « un peu ridicule » mais « respectable » et « courageux ». Il reprochait au pygargue d’être un charognard et donc un oiseau de « mauvaise morale ». Mais les partisans de l’aigle, dont Jefferson, louaient sa allure altière vu comme un symbole de noblesse. L’héraldique a fini par primer sur les considérations éthologiques.
Protection et renouveau
Malgré son statut d’icône, le pygargue a bien failli disparaître. Victime de la chasse et des pesticides, il s’est retrouvé au bord de l’extinction au milieu du 20ème siècle. C’est paradoxalement ce qui a poussé à le protéger : depuis 1940, il est interdit de le chasser ou de vendre ses plumes. Des efforts de conservation ont permis aux populations de se reconstituer.
Aujourd’hui, on estime à environ 140 000 le nombre de pygargues à tête blanche en Amérique du Nord. Un beau retour en force pour cet oiseau si spécial aux Américains. Avec sa consécration officielle, le « bald eagle » ancre un peu plus sa place dans le patrimoine et le cœur de la nation qu’il représente si bien depuis près de 250 ans.
Le pygargue à tête blanche incarne le meilleur de l’Amérique – sa grandeur, sa liberté et sa résilience.
– Johnny Morris, de la Fondation American Eagle
Une belle leçon sur les vertus de la protection de la nature. Car préserver ce magnifique oiseau, c’est aussi chérir les valeurs qu’il symbolise et qui fondent l’identité des États-Unis.