Alors que la menace d’une motion de censure plane sur le gouvernement, la porte-parole Maud Bregeon a vivement interpellé le Parti Socialiste ce mercredi, pointant du doigt sa « responsabilité inouïe » en cas de soutien à une telle initiative de la part des forces de gauche. Une prise de position qui met une pression supplémentaire sur les épaules des députés PS, dont la décision pourrait faire basculer les équilibres à l’Assemblée nationale.
Le PS face à un choix crucial
En effet, si la gauche venait à déposer une motion de censure contre le gouvernement, le vote des élus socialistes serait déterminant. D’après des sources proches du pouvoir exécutif, Maud Bregeon a ainsi exhorté les députés PS à « relever la tête et se défaire de leurs liens avec La France insoumise », le parti de Jean-Luc Mélenchon qui milite activement pour faire tomber le gouvernement.
Une injonction qui place le Parti Socialiste face à un choix cornélien : maintenir sa ligne d’opposition frontale en s’alliant avec LFI au risque de provoquer une crise politique majeure, ou bien jouer la carte du compromis en se désolidarisant de la démarche, quitte à se mettre à dos une partie de son électorat de gauche.
Le spectre du 49.3
La menace d’une motion de censure est devenue de plus en plus prégnante ces derniers jours, alors que le Premier ministre Michel Barnier a affirmé qu’il était prêt à recourir au fameux article 49 alinéa 3 de la Constitution pour faire adopter son budget sans vote. Un passage en force qui ouvrirait la voie à une motion de censure de la part des oppositions.
Il utiliserait « assurément » le 49.3
Michel Barnier au sujet du vote du budget
Une perspective qui inquiète au plus haut point l’exécutif, d’autant que le Rassemblement National a d’ores et déjà menacé de joindre ses voix à celles de la gauche pour faire chuter le gouvernement. Un scénario catastrophe qui provoquerait une crise politique sans précédent sous la Vème République.
Barnier en première ligne
Face à cette situation explosive, le Premier ministre Michel Barnier a entamé un vaste cycle de consultations avec les différents groupes parlementaires. L’objectif : tenter de déminer le terrain et éviter à tout prix le dépôt d’une motion de censure qui signerait la fin prématurée de son gouvernement, à peine quelques mois après sa nomination.
- Mercredi, il a notamment reçu les présidents de groupes socialistes à l’Assemblée et au Sénat, Boris Vallaud et Patrick Kanner.
- Des entrevues sont également prévues avec les chefs de file écologistes dans les deux chambres.
Selon des indiscrétions obtenues par notre rédaction, ces rencontres s’annoncent tendues, les oppositions étant déterminées à ne rien lâcher sur leurs revendications, en particulier concernant le volet social du budget.
Une fenêtre de tir dès la semaine prochaine
Si le gouvernement semble déterminé à aller au clash en recourant au 49.3, les oppositions fourbissent de leur côté leurs armes en vue du dépôt d’une motion de censure. Et le temps presse, puisqu’une première fenêtre de tir pourrait s’ouvrir dès la semaine prochaine, à l’occasion de l’examen du budget de la sécurité sociale.
Un scrutin à haut risque pour l’exécutif, qui testera la solidité de sa majorité relative à l’Assemblée. Et au vu des dernières déclarations des uns et des autres, le suspense reste entier quant à l’issue de ce bras de fer qui s’annonce dantesque entre le gouvernement et sa majorité d’un côté, et les oppositions de l’autre. Avec le Parti Socialiste en arbitre suprême.
Les prochains jours décisifs
Une chose est sûre : les prochains jours s’annoncent cruciaux et verront un intense jeu de poker menteur se dérouler dans les travées du palais Bourbon. D’un côté le gouvernement qui va tenter par tous les moyens de désamorcer la menace, quitte à lâcher du lest sur certaines mesures budgétaires. De l’autre, des oppositions déterminées à en découdre et convaincues de leur bon droit pour obtenir un changement radical de cap.
Et au milieu, un Parti Socialiste soumis à une pression maximale, tiraillé entre sa volonté de s’opposer et la crainte de précipiter le pays dans une crise politique majeure. Un dilemme cornélien dont on devrait connaître l’issue dans les tout prochains jours. En attendant, tous les regards sont braqués vers Olivier Faure et ses troupes, en première ligne dans cette partie d’échecs à haut risque pour l’avenir du pays.