Le ciel de Paris ne verra pas de sitôt les fameux « taxis volants » électriques tant attendus. Le Conseil d’Etat, plus haute juridiction administrative française, vient en effet de mettre un sérieux coup d’arrêt à ce projet futuriste et décarboné porté par le Groupe Aéroports de Paris (ADP) et le constructeur allemand Volocopter. Une décision qui fait suite à une série de revers ces derniers mois pour cette expérimentation innovante dont les promoteurs espéraient faire une vitrine à l’occasion des Jeux olympiques cet été.
L’Autorité de contrôle des nuisances aériennes pas consultée
Saisi en référé, le Conseil d’Etat avait dans un premier temps donné fin juillet son feu vert provisoire pour l’exploitation d’une plateforme de décollage et d’atterrissage de ces aéronefs électriques, appelée « vertiport », installée au bord de la Seine dans l’est parisien. Mais revenant sur le fond du dossier, la haute juridiction a finalement donné raison aux requérants, dont la Ville de Paris, qui estimaient que le gouvernement aurait dû préalablement consulter l’Autorité de contrôle des nuisances aériennes (Acnusa), comme le prévoit la loi.
Parmi les opposants figuraient, outre la municipalité parisienne, plusieurs associations de lutte contre les nuisances aériennes. Face à eux, le gouvernement et ADP défendaient ce projet destiné à tester un nouveau mode de transport innovant et décarboné au cœur de la capitale.
Une série de revers avant la décision
Avant même ce revers judiciaire, l’expérimentation des taxis volants avait déjà dû revoir ses ambitions à la baisse. Initialement, les promoteurs voulaient profiter de la vitrine des Jeux olympiques et paralympiques pour mettre en vedette ce moyen de transport du futur. Mais début août, ils ont dû renoncer en raison de défauts détectés sur les moteurs des appareils de Volocopter.
Un mois plus tard, nouveau coup dur avec l’annulation par le conseil régional d’Ile-de-France d’une subvention d’un million d’euros accordée à ADP, en invoquant les retards accumulés par le projet. Et ce, même si dans le même temps, la région assurait que ce retrait ne remettait pas en cause son soutien général à l’innovation.
Une certification européenne manquante
Évoqué depuis fin 2020, le projet de taxis volants électriques avait déjà vu ses objectifs revus à la baisse avant l’été. En cause : l’absence d’une certification de l’Agence européenne de la sécurité aérienne (AESA) permettant à Volocopter de transporter des passagers. Le constructeur n’ayant pas obtenu ce précieux sésame à temps, il avait fallu se résoudre à une expérimentation plus limitée.
Avec cette nouvelle décision du Conseil d’État, c’est un coup d’arrêt brutal qui est porté aux ambitions d’ADP et Volocopter de faire de Paris une vitrine mondiale de la mobilité aérienne urbaine. Un projet innovant et emblématique qui se voulait précurseur d’un transport décarboné et futuriste, mais qui semble désormais compromis, du moins à court terme. Reste à savoir si les deux partenaires sauront rebondir et trouver d’autres moyens de faire décoller leurs taxis volants dans le ciel de la capitale. L’avenir de la mobilité aérienne urbaine en dépend peut-être.