Mauvaise nouvelle pour les amateurs de technologies futuristes et de mobilité aérienne urbaine. Le projet très médiatisé de faire voler des taxis volants dans le ciel parisien dès 2024 vient de subir un sérieux coup d’arrêt. En effet, le groupe ADP qui pilote cette expérimentation aux côtés du constructeur allemand Volocopter, a reconnu vendredi que les premiers vols de démonstration ne pourraient pas avoir lieu avant 2025, soit un an plus tard que prévu initialement.
Un calendrier bouleversé par des obstacles réglementaires et techniques
Ce report fait suite à une succession de déconvenues pour ce projet visionnaire mais semé d’embûches. Tout d’abord, le Conseil d’État a annulé mardi la création d’une plateforme de décollage et d’atterrissage, appelée « vertiport », qui devait être installée sur la Seine. ADP s’est engagé à démonter cette infrastructure mais conteste le motif évoqué par la haute juridiction administrative.
Selon le gestionnaire des aéroports parisiens, le Conseil d’État a en effet assimilé les aéronefs à décollage et atterrissage vertical (eVTOLs) à des hélicoptères, alors que le gouvernement avait estimé que ces engins électriques constituaient une nouvelle catégorie. Une différence d’interprétation lourde de conséquences sur le plan réglementaire.
Mais au-delà de cet obstacle juridique, c’est surtout l’obtention de la certification de sécurité des appareils Volocity qui s’annonce plus longue que prévu. Des défauts sur les moteurs avaient déjà été détectés l’été dernier, compromettant de fait une homologation à temps pour des vols durant les Jeux Olympiques de Paris en 2024.
Un projet qui se heurte aussi à des oppositions locales
Au-delà des difficultés techniques et réglementaires, le projet de taxis volants doit aussi composer avec l’hostilité d’une partie des élus parisiens. Ces derniers craignent les nuisances sonores générées par ces nouveaux engins ainsi que la privatisation de l’espace aérien au profit d’une mobilité jugée élitiste.
Face à ces critiques, ADP et le ministère des Transports tentent de mettre en avant l’intérêt de ces appareils pour effectuer des missions de service public comme les évacuations sanitaires ou le transport d’organes. Une manière de « verdir » l’image de ces taxis volants et de justifier les investissements consentis au nom de l’innovation.
Une course internationale effrénée malgré les retards
Car le groupe ADP en est convaincu : même avec du retard, il est crucial de prendre position sur le marché naissant des eVTOLS pour ne pas se laisser distancer par la concurrence étrangère. Les États-Unis ont déjà créé fin 2022 les bases réglementaires pour l’exploitation commerciale de taxis volants et de nombreuses start-up y ont levé des centaines de millions de dollars.
La France, et plus largement l’Europe, peuvent-elles encore rattraper leur retard et devenir des acteurs majeurs de cette révolution de la mobilité aérienne urbaine ? Le pari est loin d’être gagné mais les promoteurs des taxis volants gardent espoir. Avec un nouveau rendez-vous fixé en 2025 pour les premiers vols au-dessus de Paris, la course contre la montre est plus que jamais engagée. Décollage reporté mais pas annulé, donc.