Un procès retentissant secoue actuellement la France. Sur le banc des accusés, Dominique Pelicot, un septuagénaire accusé d’avoir drogué, violé puis fait violer sa femme par des dizaines d’hommes pendant une décennie. Au-delà du choc suscité par l’affaire, ce procès est devenu le symbole d’un débat crucial : la place du consentement dans la loi française.
Un Réquisitoire qui Pose les Jalons du Changement
Lors de leur réquisitoire, les avocats généraux ont pris soin de s’adresser à un large public, soucieux d’expliciter les enjeux juridiques de ce procès hors norme. Un point central a émergé : la question de l’intentionnalité, au cœur des stratégies de défense des accusés.
Certains ont argué avoir cru au consentement donné par le mari. D’autres ont invoqué un supposé « jeu libertin ». Des arguments balayés par l’avocate générale, qui a souligné qu’il s’agissait là d’une vision d’un autre siècle. Les preuves matérielles attestent que les accusés avaient pleinement conscience de ce qu’ils s’apprêtaient à commettre.
Face à une personne en état de léthargie proche du coma, ils ne pouvaient pas ne pas se rendre compte qu’elle n’était pas en mesure d’exprimer son consentement.
Une source proche du dossier
Vers une Redéfinition Légale du Consentement ?
Ce procès a remis sur le devant de la scène la nécessité de repenser la place du consentement dans la loi. Actuellement, le droit français n’oblige pas à s’assurer du consentement de son partenaire. De nombreuses voix s’élèvent pour réclamer l’établissement d’une définition positive du consentement dans les textes.
Des parlementaires, dont l’écologiste Marie-Charlotte Garin, vice-présidente de la mission d’information sur une redéfinition pénale du viol, étaient présents à l’audience. Un signe fort de la volonté politique de faire évoluer la législation sur ces questions.
Un Électrochoc Sociétal
Au-delà des prétoires, l’affaire des viols de Mazan a suscité une prise de conscience collective. Dans les familles, entre amis, au travail… Les discussions se sont multipliées, interrogeant la socialisation de certains hommes.
Qu’est-ce qu’on a loupé en tant que société pour produire des hommes capables de ces comportements d’une inhumanité totale ?
Catherine Le Magueresse, Juriste
L’Éducation, Clé du Changement
Si l’évolution de la loi apparaît nécessaire, elle ne saurait suffire. Nombreux sont ceux qui appellent à un renforcement de l’éducation sexuelle et affective dès le plus jeune âge. Une loi de 2001 prévoit déjà trois séances annuelles obligatoires du primaire au lycée. Problème : elle est très peu appliquée.
Sensibiliser les jeunes générations au consentement permettrait non seulement de prévenir de futures violences, mais aussi de repérer et protéger les enfants victimes. Un véritable enjeu de santé publique.
Épilogue
20 ans de réclusion criminelle ont été requis à l’encontre de Dominique Pelicot, le principal accusé. Le verdict est attendu dans les prochains jours. Mais d’ores et déjà, ce procès aura marqué les esprits et appelé à une profonde remise en question sociétale.
La lutte contre les violences sexuelles passe indéniablement par un changement des mentalités. Et si la loi a un rôle crucial à jouer, c’est bien l’affaire de tous. Car comme le dit si justement l’adage, « il faut tout un village pour élever un enfant ». Il en faut tout autant pour bâtir une société du respect et du consentement.