C’est un procès hors norme qui se tient actuellement devant la cour criminelle de Vaucluse. Une cinquantaine d’hommes sont accusés d’avoir violé Gisèle Pelicot, après que celle-ci ait été droguée par son ex-mari Dominique Pelicot. Face à l’horreur des faits et à la pression médiatique, les avocats de la défense mettent en garde contre la tentation d’un verdict expéditif.
Lors de leurs plaidoiries ce lundi, Mes Stéphane Simonin et Carine Monzat ont exhorté les juges à s’affranchir des décisions « yaka faucon » dans cette affaire devenue le symbole des violences faites aux femmes. Ils ont martelé que la vérité judiciaire est « rarement celle espérée » et qu’elle est « issue d’un long processus souvent douloureux ».
La question de la conscience des accusés
Au cœur des débats : la question de savoir si les accusés avaient conscience de violer une femme droguée et donc non-consentante. La défense argue que ses clients, recrutés sur internet par le mari manipulateur, ont cru participer à un jeu sexuel avec un couple libertin consentant.
Cette conscience, qui leur saute aux yeux maintenant, aurait-elle dû surgir au moment des faits ? En avaient-ils la capacité ?
Me Simonin, avocat de la défense
Selon les avocats, seul le doute sur l’intention criminelle des accusés doit profiter à ces derniers. Ils ont supplié la cour de ne pas céder à la pression d’une condamnation exemplaire, fustigeant le « réquisitoire à la hache » du parquet qui a requis jusqu’à 15 ans de réclusion.
Un procès sous haute tension
L’affaire, jugée à huis clos, a pris une dimension médiatique et politique considérable. Le nombre d’accusés, le caractère sordide des faits et le profil très divers des mis en cause ont sidéré l’opinion. Le procès est vu comme emblématique du fléau des violences sexistes et sexuelles.
Dans ce contexte inflammable, la défense met en garde contre la tentation d’une justice expéditive, qui ne prendrait pas le temps d’examiner la situation de chaque accusé. Elle rappelle les principes de la présomption d’innocence et du doute qui doit profiter aux accusés.
C’est désormais à la cour de délibérer pour déterminer les responsabilités individuelles dans ce dossier tentaculaire. Avec la pression d’un verdict qui sera scruté et commenté bien au-delà des murs du palais de justice de Vaucluse. L’enjeu est de rendre une décision à la hauteur de la gravité des faits, sans céder aux sirènes d’une justice « yaka faucon ».