Dans un café parisien, un jury pas comme les autres s’est réuni pour décerner un prix bien particulier. Bienvenue à la cérémonie du Prix de la Carpette Anglaise, où l’indignité linguistique est mise à l’honneur ! Ce prix satirique, créé en 1999, épingle chaque année les personnalités ou institutions accusées de contribuer à la propagation du « globish », cet anglais approximatif qui menace la langue de Molière.
Zoom sur les lauréats 2024
Cette année, le jury présidé par l’écrivain Philippe de Saint Robert a choisi de récompenser Astrid Woitellier, déléguée générale du concours Puissance Alpha, et la Conférence des évêques de France. Deux choix qui n’ont pas manqué de faire réagir !
Astrid Woitellier et Puissance Alpha dans le viseur
Le concours post-bac Puissance Alpha, qui ouvre les portes de 19 écoles d’ingénieurs, s’est distingué en octobre dernier en supprimant purement et simplement l’épreuve écrite de français. En cause ? Un exercice jugé « anxiogène » et sans réel impact sur l’évaluation globale des candidats. Pourtant, l’épreuve d’anglais, elle, est maintenue. Un deux poids, deux mesures qui n’a pas échappé au jury de la Carpette Anglaise !
La Conférence des évêques et ses « Holy Games »
Autre co-lauréat de ce cru 2024 : la Conférence des évêques de France. Son tort ? Avoir lancé, dans le cadre des JO de Paris, le projet « Holy Games », sorte de pendant religieux aux festivités sportives. Un nom bien peu francophone pour une initiative de l’Église catholique française, qui a visiblement oublié l’adage « sois romain à Rome » !
Une « Carpette » internationale pour France Football
Hors de nos frontières aussi, on relève les dérapages linguistiques. Le jury a ainsi attribué un prix à titre étranger au magazine France Football, pour avoir organisé sa cérémonie du Ballon d’or exclusivement en anglais à Paris. Champagne ou sparkling wine ?
Un palmarès qui ne manque pas de sel
L’Académie de la Carpette Anglaise n’en est pas à son coup d’essai. Parmi ses précédents récipiendaires, on retrouve :
- L’Agence française de développement en 2023, pour l’anglicisation des titres d’événements francophones
- Emmanuel Macron en 2022, pour avoir accepté l’hégémonie de l’anglais dans l’UE
- Gérald Darmanin en 2021, suite à la nouvelle CNI rédigée uniquement en anglais
Autant de personnalités et d’institutions prises la main dans le sac du « franglais », et qui rejoignent le panthéon de l’indignité linguistique selon le jury !
Un prix satirique pour un combat sérieux
Derrière son ton badin et ses récompenses loufoques, le Prix de la Carpette Anglaise porte un message on ne peut plus sérieux. En épinglant ces dérives linguistiques, le jury entend défendre la richesse et la vivacité de la langue française face à la menace d’un anglais standardisé et omnipotent.
N’acceptons pas un sabir anglais qui n’est la langue de personne et qui ne peut que favoriser un appauvrissement de la pensée.
Philippe de Saint Robert, président du jury
Car au-delà d’une simple question de fierté nationale, c’est bien un enjeu culturel et intellectuel majeur qui se joue. En cédant à la facilité du « globish », c’est toute la finesse et la précision de la langue française qui risque de se perdre, et avec elle une certaine vision du monde.
Un appel à la vigilance linguistique
Alors, futile provocation ou salutaire coup de gueule ? Une chose est sûre, le Prix de la Carpette Anglaise ne laisse personne indifférent. Et c’est bien là tout son mérite : nous inviter, avec humour mais fermeté, à résister aux sirènes du tout-anglais et à préserver ce joyau qu’est la langue française.
Gageons que les lauréats 2024, ainsi épinglés, sauront méditer leur leçon. Et que chacun, à son niveau, veillera à ne pas dérouler trop facilement le tapis rouge à la carpette anglaise ! L’avenir de la francophonie en dépend.