Depuis les rives du lac Tchad, le président de la République du Tchad mène personnellement la riposte militaire contre le groupe jihadiste Boko Haram suite à une attaque meurtrière perpétrée contre une base de l’armée tchadienne dans la région. Selon des sources proches de la présidence, le chef de l’État, qui est aussi le chef suprême des armées, coordonne les opérations baptisées “Haskanite” depuis le terrain.
Vêtu de son uniforme militaire, le président multiplie les réunions de coordination avec l’état-major. Son objectif est clair : ne laisser aucun répit aux combattants de Boko Haram qui sévissent dans cette zone frontalière entre le Tchad, le Niger, le Nigeria et le Cameroun. Les troupes terrestres et aériennes ont été mobilisées en nombre pour traquer et neutraliser les jihadistes.
Une attaque sanglante à l’origine de la contre-offensive
C’est une attaque d’une violence inouïe menée par Boko Haram dans la nuit de dimanche à lundi contre une position militaire tchadienne qui est à l’origine de cette vaste opération punitive. Le lourd bilan, encore provisoire, fait état d’une quarantaine de soldats tués et de plusieurs dizaines de blessés dans les rangs de l’armée. Le gouvernement tchadien a immédiatement réagi en lançant la contre-attaque.
Le lac Tchad, épicentre de l’insurrection jihadiste
La région du lac Tchad est depuis plusieurs années l’un des principaux foyers de violence de Boko Haram et de sa branche dissidente, l’État islamique en Afrique de l’Ouest (ISWAP). Les nombreux îlots et zones marécageuses servent de refuges aux combattants jihadistes, leur permettant de lancer des attaques meurtrières de part et d’autre des frontières avant de se replier. Une situation qui rend particulièrement ardue la tâche des forces armées régulières.
Il est question de traquer, de débusquer et d’anéantir la capacité de nuisance de Boko Haram et de ses affidés.
Abderahim Bireme Hamid, Premier ministre tchadien
L’armée tchadienne, cible récurrente des jihadistes
Les soldats tchadiens payent un lourd tribut dans la lutte contre les groupes jihadistes. En mars 2020, Boko Haram avait déjà mené une attaque dévastatrice contre une base militaire dans la même région, faisant près d’une centaine de morts parmi les militaires, les pertes les plus lourdes subies par l’armée tchadienne dans son histoire. Malgré l’engagement des troupes et les offensives répétées, la menace jihadiste persiste, faisant peser un risque constant sur les populations civiles et la stabilité régionale.
Un président au plus près du front
En se rendant personnellement sur la ligne de front, le président tchadien Mahamat Idriss Déby Itno, qui a succédé à son père Idriss Déby Itno tué au combat en 2021, marche dans ses pas. Le défunt dirigeant avait pour habitude de prendre le commandement des opérations militaires d’envergure, une façon de galvaniser ses troupes et d’affirmer son autorité. Une méthode reprise aujourd’hui par son fils, déterminé à en découdre avec la nébuleuse jihadiste qui déstabilise son pays et la région.
La contre-offensive tchadienne en cours montre une nouvelle fois que la lutte contre les groupes terroristes au Sahel est loin d’être gagnée. Malgré une mobilisation régionale et internationale croissante, Boko Haram et ses avatars continuent de faire régner la terreur et de semer la mort. Un défi sécuritaire et humanitaire majeur qui nécessite une réponse concertée et de longue haleine pour espérer venir à bout de ce fléau.