Après plus de 13 années d’une guerre civile dévastatrice, le régime de Bachar al-Assad en Syrie semble vaciller. Malgré sa résilience face aux multiples revers depuis 2011, l’emprise du président syrien sur le pouvoir pourrait bien s’affaiblir cette fois-ci, selon plusieurs experts de la région.
Un contexte géopolitique en mutation
Privé du soutien crucial de ses alliés traditionnels, Bachar al-Assad apparaît plus isolé que jamais. Le Hezbollah libanais, affaibli par une récente offensive israélienne, et la Russie, préoccupée par son invasion de l’Ukraine, ne sont plus en mesure d’épauler le régime syrien comme auparavant. Un tournant qui n’a pas échappé aux forces rebelles.
Une rébellion revigorée
Sentant la vulnérabilité du pouvoir en place, les combattants de l’opposition ont multiplié les offensives victorieuses ces derniers jours. Des villes clés du nord, dont Alep et Hama, sont tombées en quelques jours seulement. Selon des sources proches de la rébellion, les insurgés encercleraient désormais Damas, la capitale où Bachar al-Assad règne depuis 2000.
Les choses s’effondrent très rapidement. Il y a de sérieuses questions sur la capacité de l’armée syrienne à continuer le combat.
Joshua Landis, Center for Middle East Studies
Un soutien intérieur qui s’érode
Autre signe inquiétant pour le régime, sa base communautaire alaouite semble lui tourner le dos. La chute de Homs, verrou stratégique, couperait la capitale de cette minorité qui a longtemps été le socle du pouvoir des Assad. Aujourd’hui, la désillusion gagne du terrain, même parmi les plus fidèles.
Le réalignement des forces kurdes
Dans le nord-est, les Forces démocratiques syriennes (FDS) à dominante kurde, pourtant ennemies de longue date des rebelles soutenus par la Turquie, se disent désormais prêtes à dialoguer avec eux. Un rapprochement stratégique qui isole un peu plus Damas.
Une prudence de mise
Malgré ces développements, une certaine réserve s’impose. Par le passé, nombre d’observateurs ont prédit la chute imminente de Bachar al-Assad, systématiquement démentie par les faits. Accusé de crimes de guerre et de l’usage d’armes chimiques, le président syrien a su s’accrocher envers et contre tout.
Au final, la capacité du gouvernement Assad à survivre dépendra de la manière avec laquelle l’Iran et la Russie le considèrent comme utile à leurs stratégies dans la région.
Nick Herras, analyste à l’Institut Newsline
Moscou et Téhéran, malgré leurs difficultés actuelles, pourraient hésiter à lâcher complètement leur allié syrien. La Russie reste attachée à sa base navale de Tartous et l’Iran voit toujours en Assad un pivot de son influence régionale.
De leur côté, la Turquie et Israël, principaux opposants au régime, savourent ces développements qui servent leurs intérêts. Mais l’avenir de la Syrie post-Assad, entre velléités kurdes, poussée djihadiste et luttes d’influence, apparaît des plus incertains. Une nouvelle page semble s’ouvrir, sans que personne ne puisse en écrire la suite.