Les récentes déclarations du Premier ministre du Qatar, Mohammed ben Abdelrahmane Al-Thani, lors du Forum de Doha ont mis en lumière les occasions manquées de dialoguer par le Président syrien Bachar al-Assad. Malgré une période d’accalmie relative du conflit qui ravage la Syrie depuis 2011, le dirigeant syrien n’aurait pas saisi cette opportunité pour renouer le contact avec son peuple et favoriser le retour des réfugiés selon le chef du gouvernement qatari.
M. Assad n’a pas saisi l’occasion de dialoguer et de rétablir (la confiance) avec son peuple, et nous n’avons vu aucune initiative sérieuse sur le retour des réfugiés ou la réconciliation nationale.
Mohammed ben Abdelrahmane Al-Thani, Premier ministre du Qatar
Un soutien passé aux rebelles syriens
Il faut rappeler que le Qatar avait soutenu activement les groupes rebelles lors du soulèvement syrien de 2011, qui fut brutalement réprimé par le régime de Damas. Malgré cette position, l’émirat garde une posture très critique envers Bachar al-Assad tout en appelant à une résolution négociée du conflit.
La crainte d’une escalade de la violence
Le Premier ministre qatari a d’ailleurs fait part de sa « surprise » face à la rapide progression des factions rebelles islamistes sur le terrain syrien ces derniers temps. Il met en garde contre une potentielle aggravation de la situation :
Cette situation pourrait évoluer, devenir de plus en plus dangereuse et déboucher sur un niveau plus intense de la guerre civile en Syrie.
Mohammed ben Abdelrahmane Al-Thani
Face à ces risques, Mohammed ben Abdelrahmane Al-Thani plaide pour une « solution politique » qui devrait être engagée de toute urgence selon lui. Une position partagée par de nombreux acteurs régionaux et internationaux.
Des discussions diplomatiques en coulisses
En marge du Forum de Doha, des rencontres diplomatiques ont eu lieu entre responsables de premier plan. Le ministre turc des Affaires étrangères Hakan Fidan s’est notamment entretenu avec son homologue iranien Abbas Araghchi. Leur échange a été jugé « constructif » et a permis d’aborder en détail le dossier syrien d’après un communiqué officiel turc.
Cette réunion avait aussi pour but de préparer la prochaine rencontre des ministres des Affaires étrangères dans le cadre du processus d’Astana. Initié en 2017 par la Russie, l’Iran et la Turquie, ce format vise à faire avancer les pourparlers de paix sur la Syrie.
La Turquie et le Qatar ont historiquement soutenu certains groupes rebelles syriens, tandis que l’Iran et la Russie sont les principaux alliés du régime de Bachar al-Assad. Malgré ces divergences, Moscou et Ankara étaient parvenus à négocier un cessez-le-feu en 2020 dans la région d’Idleb, dernier grand bastion insurgé de Syrie.
La nécessité d’une solution politique globale
Si cette trêve a permis une diminution des combats, elle reste fragile. Les déclarations du Premier ministre qatari Mohammed ben Abdelrahmane Al-Thani rappellent l’urgence de parvenir à un règlement politique global du conflit syrien.
Après plus d’une décennie de guerre, de destruction et de déplacements massifs de population, la Syrie a cruellement besoin de retrouver la stabilité. Cela passe par un véritable processus de dialogue national inclusif mais aussi par des efforts sincères de la part du pouvoir en place à Damas.
Le régime syrien doit saisir les opportunités de construire la paix lorsqu’elles se présentent. Malheureusement, comme l’a souligné le dirigeant qatari, le Président Bachar al-Assad semble pour l’instant plus enclin à conforter son pouvoir qu’à tendre la main à son peuple meurtri par des années de conflit.