Près d’un mois après l’un des attentats les plus meurtriers qu’ait connu la région défavorisée du Sistan-Baloutchistan, le président iranien Massoud Pezeshkian s’y est rendu ce jeudi pour une visite très attendue. Arrivé à l’aéroport de Zahedan, la capitale régionale, le chef de l’État a prévu un programme chargé pour cette journée placée sous le signe du recueillement mais aussi du développement économique.
Une visite en deux temps : hommage aux victimes et enjeux économiques
Massoud Pezeshkian va tout d’abord aller à la rencontre des familles endeuillées par l’attaque du 26 octobre dernier qui a coûté la vie à dix policiers. Un drame national qui a suscité une vive émotion en Iran et relancé les inquiétudes sur la situation sécuritaire de cette zone frontalière avec le Pakistan et l’Afghanistan.
Mais au-delà du deuil, ce déplacement présidentiel revêt aussi une dimension économique cruciale. Massoud Pezeshkian doit en effet se rendre dans la zone franche de Chabahar, l’un des plus grands projets de développement du sud de l’Iran. Avec son port stratégique qui permet de contourner le détroit d’Ormuz, Chabahar aspire à devenir une plaque tournante du commerce international, attirant des investisseurs du monde entier.
Le Sistan-Baloutchistan, une poudrière aux portes de l’Iran
Région parmi les plus pauvres d’Iran, le Sistan-Baloutchistan est depuis longtemps le théâtre de violences récurrentes. Trafiquants de drogue, groupes séparatistes, militants sunnites radicaux : les menaces sont multiples le long de cette frontière poreuse avec le Pakistan et l’Afghanistan. L’attaque sanglante du 26 octobre, revendiquée par le groupe jihadiste Jaish al-Adl, en est la tragique illustration.
Cette province concentre tous les maux : pauvreté, trafics, tensions ethniques et religieuses. C’est un peu la poudrière de l’Iran.
Azadeh Kian, politologue spécialiste de l’Iran
Face à ce contexte explosif, les autorités iraniennes ont lancé une vaste opération antiterroriste qui a permis d’éliminer 26 militants et d’en arrêter une cinquantaine selon un bilan officiel. Mais au-delà de la réponse sécuritaire, Téhéran mise aussi sur le développement économique pour désamorcer les tensions.
Chabahar, un projet pharaonique pour désenclaver la région
Véritable fer de lance de la stratégie iranienne, le port de Chabahar doit permettre de désenclaver cette région reculée et d’en faire un hub économique majeur. Situé au bord de l’océan Indien, il offre un accès maritime à l’Iran en contournant le détroit d’Ormuz, point de passage stratégique mais vulnérable.
Surtout, Chabahar est le seul port iranien à échapper aux sanctions américaines rétablies en 2018. Un atout considérable pour attirer les investisseurs étrangers, notamment d’Asie et d’Europe. L’Inde s’est déjà positionnée en finançant la construction d’un terminal.
Avec Chabahar, l’Iran veut montrer qu’il reste ouvert aux affaires malgré les sanctions. C’est un projet géostratégique majeur.
Thierry Coville, chercheur à l’IRIS
Au-delà de sa dimension économique, le développement de Chabahar revêt aussi un enjeu politique et social. En désenclavant le Sistan-Baloutchistan, Téhéran espère réduire le terreau du séparatisme et de l’extrémisme qui mine la région. Un pari ambitieux mais nécessaire pour la stabilité du pays.
Entre fermeté et main tendue, le difficile équilibre de Téhéran
Avec ce déplacement très symbolique, Massoud Pezeshkian tente de trouver le subtil équilibre entre fermeté sécuritaire et ouverture économique. Une stratégie du bâton et de la carotte pour tenter de pacifier durablement cette région tourmentée.
Mais la tâche s’annonce ardue tant les ressentiments sont profonds, nourris par des décennies de marginalisation et de répression. La minorité baloutche, majoritairement sunnite, se sent depuis longtemps délaissée par le pouvoir central chiite. Un terreau fertile pour les groupes armés qui rêvent de déstabiliser la République islamique.
Face à ce défi existentiel, l’Iran joue une partie serrée. D’un côté la sécurité, de l’autre le développement. Deux leviers complémentaires et indispensables pour tenter d’éteindre l’incendie qui couve aux portes du pays. La visite de Massoud Pezeshkian ce jeudi en est l’illustration parfaite, entre recueillement et ambitions économiques.
Reste à savoir si cette stratégie portera ses fruits et permettra enfin au Sistan-Baloutchistan de tourner la page de la violence. Un enjeu crucial pour la stabilité et l’avenir de l’Iran.
Véritable fer de lance de la stratégie iranienne, le port de Chabahar doit permettre de désenclaver cette région reculée et d’en faire un hub économique majeur. Situé au bord de l’océan Indien, il offre un accès maritime à l’Iran en contournant le détroit d’Ormuz, point de passage stratégique mais vulnérable.
Surtout, Chabahar est le seul port iranien à échapper aux sanctions américaines rétablies en 2018. Un atout considérable pour attirer les investisseurs étrangers, notamment d’Asie et d’Europe. L’Inde s’est déjà positionnée en finançant la construction d’un terminal.
Avec Chabahar, l’Iran veut montrer qu’il reste ouvert aux affaires malgré les sanctions. C’est un projet géostratégique majeur.
Thierry Coville, chercheur à l’IRIS
Au-delà de sa dimension économique, le développement de Chabahar revêt aussi un enjeu politique et social. En désenclavant le Sistan-Baloutchistan, Téhéran espère réduire le terreau du séparatisme et de l’extrémisme qui mine la région. Un pari ambitieux mais nécessaire pour la stabilité du pays.
Entre fermeté et main tendue, le difficile équilibre de Téhéran
Avec ce déplacement très symbolique, Massoud Pezeshkian tente de trouver le subtil équilibre entre fermeté sécuritaire et ouverture économique. Une stratégie du bâton et de la carotte pour tenter de pacifier durablement cette région tourmentée.
Mais la tâche s’annonce ardue tant les ressentiments sont profonds, nourris par des décennies de marginalisation et de répression. La minorité baloutche, majoritairement sunnite, se sent depuis longtemps délaissée par le pouvoir central chiite. Un terreau fertile pour les groupes armés qui rêvent de déstabiliser la République islamique.
Face à ce défi existentiel, l’Iran joue une partie serrée. D’un côté la sécurité, de l’autre le développement. Deux leviers complémentaires et indispensables pour tenter d’éteindre l’incendie qui couve aux portes du pays. La visite de Massoud Pezeshkian ce jeudi en est l’illustration parfaite, entre recueillement et ambitions économiques.
Reste à savoir si cette stratégie portera ses fruits et permettra enfin au Sistan-Baloutchistan de tourner la page de la violence. Un enjeu crucial pour la stabilité et l’avenir de l’Iran.