En pleine tempête économique, le président des Maldives Mohamed Muizzu a décidé de prendre le taureau par les cornes. Pour donner l’impulsion à un vaste plan d’austérité, le dirigeant de l’archipel de l’océan Indien va voir son salaire amputé de moitié, passant de 72 500 à 36 250 euros par an. Une annonce choc destinée à montrer l’exemple alors que le pays traverse une période particulièrement difficile sur le plan financier.
Un appel à l’effort collectif pour sortir de la crise
En parallèle de cette mesure symbolique, le gouvernement a dévoilé un plan d’austérité qui prévoit notamment une baisse de 10% des traitements de la plupart des fonctionnaires. Si les juges et les parlementaires devraient échapper à cette cure d’amaigrissement budgétaire, l’entourage présidentiel compte sur leur participation volontaire à l’effort national.
Mohamed Muizzu n’a pas hésité non plus à sabrer dans son équipe, avec le limogeage de plus de 225 personnes occupant des postes politiques, dont 7 ministres d’État et 43 vice-ministres. Une purge qui devrait permettre d’économiser l’équivalent de 345 000 euros par mois dans les caisses de l’État.
Le spectre d’un défaut de paiement
Malgré ces mesures d’urgence, le gouvernement se veut rassurant en qualifiant les difficultés actuelles de “temporaires”. Il écarte pour l’instant la perspective d’un appel au Fonds Monétaire International (FMI), même si certains observateurs mettent en garde contre un risque de défaut sur la dette extérieure du pays, qui s’élève à 3,37 milliards de dollars, soit environ 45% du PIB.
Entre Pékin et New Delhi, un jeu d’influence
Au-delà de la crise économique, les Maldives sont devenues un terrain d’affrontement géopolitique entre la Chine et l’Inde. Pékin a multiplié les promesses de financement depuis l’arrivée au pouvoir de Mohamed Muizzu l’an dernier, une “assistance désintéressée” saluée par le président maldivien. Mais New Delhi n’entend pas se laisser distancer, comme l’a montré la récente visite du dirigeant dans la capitale indienne, d’où il est reparti avec l’assurance d’un soutien financier.
La Chine détenait environ 20% de la dette extérieure des Maldives au premier trimestre, contre un peu moins de 18% pour l’Inde.
D’après des données officielles
Face à cette situation tendue, le président Muizzu marche donc sur un fil, contraint de réduire drastiquement les dépenses publiques tout en ménageant ses puissants créanciers chinois et indiens. Son pari : renouer avec une croissance solide pour ces îles paradisiaques prisées des touristes fortunés, afin de les maintenir à flot malgré les remous de l’économie mondiale. Un défi de taille alors que l’horizon s’obscurcit pour ce petit État insulaire particulièrement vulnérable.