En ce lundi de novembre, une tradition bien particulière s’est déroulée à la Maison Blanche : le président américain Joe Biden a gracié deux dindes, les sauvant ainsi de finir dans les assiettes du dîner de Thanksgiving. Mais cette année, la cérémonie avait une saveur particulière, puisqu’il s’agissait de la dernière fois que Joe Biden accomplissait ce rituel avant de passer la main à son successeur fraîchement élu, Donald Trump.
Une cérémonie bon enfant pour des temps incertains
Sur la pelouse de la Maison Blanche, l’ambiance était détendue malgré le contexte politique chargé. Joe Biden, 82 ans, a joué le jeu en accordant sa clémence à « Peach » et « Blossom », deux dindes blanches qui échapperont donc au traditionnel repas de Thanksgiving. Le président s’est même laissé aller à quelques traits d’humour, lançant notamment que la devise de « Peach » était « Restons calme et continuons à glouglouter », comme un clin d’œil apaisant face aux bouleversements à venir.
Passation de pouvoir et incertitudes
Car Donald Trump, victorieux de la vice-présidente sortante Kamala Harris le 5 novembre dernier, devrait en effet chambouler nombre des politiques mises en place par son prédécesseur démocrate. L’expulsion massive des immigrés en situation irrégulière, des coupes claires dans les dépenses fédérales et une taxe élevée sur les importations font partie de son programme, suscitant de vives inquiétudes aux États-Unis comme à l’international.
Dans ce contexte, les mots de Joe Biden, qui quittera la Maison Blanche le 20 janvier prochain, avaient une résonance particulière. « Laissez-moi vous dire que cela a été l’honneur de ma vie, je vous suis à jamais reconnaissant », a-t-il déclaré avec émotion, lui qui avait renoncé à se représenter après un débat électoral désastreux face au milliardaire républicain cet été.
Des grâces présidentielles sous surveillance
Si gracier des dindes est une tradition légère, le président sortant doit maintenant se pencher sur des grâces autrement plus lourdes de conséquences. Comme le veut l’usage, il devrait gracier ou commuer les peines de plusieurs personnes condamnées avant son départ.
Joe Biden a cependant d’ores et déjà prévenu qu’il y avait une grâce qu’il n’accorderait pas : celle de son fils Hunter Biden, reconnu coupable en juin de port illégal d’arme à feu sur fond d’addiction au crack, et qui a plaidé coupable en septembre pour fraude fiscale. Ce dernier, dont le jeune fils Beau était présent lundi, attend de connaître ses peines.
Un avenir politique en pointillé
Au-delà de l’avenir judiciaire de son fils, c’est aussi son propre avenir politique que Joe Biden laisse en suspens. S’il a assuré partir « sans regrets ni remords », beaucoup s’interrogent sur son rôle à venir face à un Donald Trump qui ne manquera pas de dynamiter son bilan.
Une chose est sûre, cette cérémonie de Thanksgiving, entre légèreté et gravité, restera comme un moment symbolique, cristallisant les incertitudes d’une Amérique à la veille d’un nouveau grand chambardement politique. Les dindes « Peach » et « Blossom », elles, pourront continuer à glouglouter sereinement.