Vous êtes-vous déjà demandé comment les dirigeants politiques s’informent dans un contexte de restrictions médiatiques ? C’est le cas étonnant du Premier ministre malien, Choguel Kokalla Maïga, qui a récemment révélé consacrer quotidiennement une heure et demie à l’écoute de radios étrangères, même celles interdites dans son pays. Une pratique surprenante qui soulève de nombreuses questions.
Un chef de gouvernement à l’écoute des médias bannis
Depuis le coup d’État militaire au Mali, plusieurs médias étrangers dont la radio française RFI et la chaîne France 24 ont été interdits sur le territoire. Pourtant, le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga n’hésite pas à les écouter chaque matin pendant près d’une heure et demie. Un fait étonnant révélé dans une vidéo postée sur les réseaux sociaux.
Selon son conseiller spécial Abdoulaye Kone, si M. Maïga s’adonne à cette pratique, c’est pour « contrer toutes les informations déversées sur les populations » par ces radios dans le but de les manipuler. Le Premier ministre chercherait ainsi à connaître et déjouer les tentatives de déstabilisation venant de l’extérieur.
Rester informé malgré les restrictions
Au-delà de la lutte contre la désinformation, l’écoute des médias étrangers permettrait surtout à M. Maïga de s’informer sur tout ce qui lui est caché ou se fait sans lui au Mali. Une manière de garder un œil sur ce qui se passe réellement dans son pays, malgré le contrôle de l’information par le gouvernement militaire.
Pour bien gouverner, il faut être informé.
Choguel Kokalla Maïga, Premier ministre malien
Cette déclaration du Premier ministre soulève la question de la liberté de la presse et de l’accès à une information plurielle dans un contexte de prise de pouvoir par l’armée. Si le chef du gouvernement lui-même doit recourir à des médias interdits pour s’informer, qu’en est-il des citoyens lambda ?
Le Sahel, une zone de non-information ?
La situation des médias au Mali fait écho à celle de nombreux pays du Sahel, où les pressions sur la presse se multiplient. Reporters sans frontières dresse un sombre tableau, évoquant la plus grande zone de non-information d’Afrique.
Outre RFI et France 24, d’autres médias français comme France 2, LCI et TV5 Monde ont aussi été visés par des interdictions au Mali en 2024. Une tendance inquiétante pour la liberté d’expression et le droit à l’information des populations.
Des révélations qui interpellent
Les propos de Choguel Kokalla Maïga mettent en lumière les difficultés d’accès à une information fiable et diversifiée dans un pays dirigé par une junte militaire. Ils révèlent aussi les limites de la censure à l’heure du numérique et des moyens de contournement.
Si écouter chaque jour pendant 1h30 des radios étrangères interdites peut sembler anecdotique, cela en dit long sur l’état de la liberté de la presse au Mali. Un pays où même le Premier ministre doit user de tels stratagèmes pour s’informer et gouverner.
Ces révélations interpellent sur la situation des médias et l’accès à l’information dans cette région du monde. Elles montrent l’importance de défendre un journalisme libre et indépendant, seul à même de fournir aux citoyens une information complète pour comprendre les enjeux qui les concernent.