Le Premier ministre japonais Shigeru Ishiba traverse une zone de fortes turbulences à l’approche des élections législatives de dimanche. Arrivé au pouvoir le 1er octobre après avoir pris la tête du Parti libéral-démocrate (PLD), cet homme politique chevronné de 67 ans espérait surfer sur un état de grâce pour consolider sa majorité à la Chambre basse. Mais c’était sans compter sur une conjonction de facteurs défavorables qui assombrissent sérieusement ses perspectives.
Une popularité en berne
Selon les derniers sondages, la cote de confiance de Shigeru Ishiba est sur une pente descendante. Les Japonais lui reprochent notamment la baisse de leur pouvoir d’achat, grignoté par une inflation galopante depuis 2022. Un motif de mécontentement qui pèse lourd dans les urnes.
Un scandale financier embarrassant
Pour ne rien arranger, un scandale financier au sein de son parti est venu parasiter la campagne de M. Ishiba. Plusieurs dizaines de membres du PLD ont en effet été épinglés pour des malversations portant sur plusieurs millions d’euros. Une affaire qui avait déjà contribué à plomber la popularité de son prédécesseur Fumio Kishida. Malgré sa volonté affichée de tourner la page, le Premier ministre a été rattrapé par les vieilles pratiques, s’attirant les foudres de l’opposition.
Quelle que soit la façon dont on le regarde, ce sont des fonds en liquide pour soutenir secrètement ces candidats. M. Ishiba se cherche des prétextes que personne ne comprend.
Yoshihiko Noda, leader de l’opposition
Des sondages alarmants
Conséquence logique de ces vents contraires, les sondages ne sont guère encourageants pour le PLD et son allié le Komeito. Selon les projections publiées vendredi par le quotidien Yomiuri, la coalition au pouvoir risque de perdre sa majorité absolue à la Chambre basse, une première depuis 2009. Un tel revers serait quasiment inédit pour ce parti qui règne sur la vie politique japonaise presque sans partage depuis les années 1950.
Un avenir politique en suspens
Dans ce contexte délicat, l’avenir politique de Shigeru Ishiba est plus que jamais en suspens. S’il n’atteint pas son objectif de 233 sièges avec le Komeito, il devra soit chercher d’autres alliés, soit se résoudre à diriger un gouvernement minoritaire. Deux scénarios aussi inconfortables l’un que l’autre pour ce dirigeant expérimenté qui rêvait d’un nouveau départ.
Cependant, même en cas de contre-performance dimanche, un départ du PLD du pouvoir semble peu probable au vu de la division de l’opposition. Mais gare au retour de bâton des électeurs. Comme le souligne Rintaro Nishimura, expert en politique japonaise, “à chaque fois, les électeurs punissent le PLD et finissent immanquablement par revenir vers lui”. Un avertissement que Shigeru Ishiba ferait bien de garder en tête.