Malgré un sentiment répandu d’érosion du niveau de vie, les ménages français n’auraient en réalité « pas perdu de pouvoir d’achat » en 2024 selon Jean-Luc Tavernier, le directeur général de l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee). Une affirmation qui vient bousculer certaines idées reçues sur fond d’inflation et d’inquiétudes sur le coût de la vie. Décryptage.
L’Insee table sur une progression du pouvoir d’achat en 2024
Invité lundi matin sur les ondes de France Inter, Jean-Luc Tavernier est venu livrer son analyse sur la situation économique des ménages français. Principal enseignement : contrairement à une opinion largement partagée, le pouvoir d’achat n’aurait pas reculé en 2024. Le patron des statisticiens s’appuie sur les données de l’institut :
Sur l’année 2024, il y aura une hausse du pouvoir d’achat des ménages. […] On n’a pas perdu en pouvoir d’achat.
Jean-Luc Tavernier, directeur général de l’Insee
Une déclaration qui tranche avec le ressenti d’une majorité de Français. Pourtant, les chiffres semblent lui donner raison. Après une année 2023 marquée par une forte inflation, l’Insee table sur une hausse de 2,1% du pouvoir d’achat global des ménages en 2024, soit davantage que la croissance attendue à 1,1%. En cause notamment, le net ralentissement de la hausse des prix, estimée à 1,5% en fin d’année et proche de 1% dès juin 2025.
Un décalage entre réalité et perception
Comment expliquer alors ce décalage entre les projections de l’Insee et l’impression d’une dégradation de la situation financière chez de nombreux ménages ? Jean-Luc Tavernier y voit l’effet de « biais cognitifs » qui empêchent de percevoir certaines évolutions positives :
Tout le monde n’en a pas parfaitement conscience mais les salaires et les retraites ont fortement augmenté cette année.
Des revalorisations salariales qui, combinées à la décélération de l’inflation, permettraient un gain de pouvoir d’achat. Un phénomène masqué toutefois par la flambée des étiquettes en 2022-2023 et certaines hausses très visibles comme celles des carburants ou de l’énergie.
L’épargne des ménages en question
Autre point soulevé par le directeur de l’Insee : le comportement des consommateurs. Malgré l’embellie attendue sur le pouvoir d’achat, les ménages resteraient encore prudents, partagés entre volonté de reconstituer leur épargne et envie de consommer davantage.
On s’attend à un petit peu de consommation au début de l’année, les ménages épargneraient moins, de manière à soutenir la demande. Ça suppose un regain de confiance.
Un cercle vertueux qui pourrait s’enclencher si les bonnes nouvelles sur le front du pouvoir d’achat se confirment. De quoi redonner le moral à des Français inquiets pour leurs finances, même si le chemin vers une franche reprise de la consommation reste encore long.
Des prévisions à confirmer
Malgré l’optimisme relatif de l’Insee, ces projections restent suspendues à de nombreux paramètres comme l’évolution des salaires, la crédibilité de la politique anti-inflation ou encore la résistance de l’économie française aux chocs externes. Autant de défis pour que ce fragile rebond du pouvoir d’achat se transforme en réelle embellie pour les ménages.
Une chose est sûre : dans ce climat d’incertitude, chaque signal positif compte pour redonner confiance aux Français et soutenir l’activité. Et les déclarations de Jean-Luc Tavernier, aussi surprenantes soient-elles, vont dans ce sens. Reste à voir si la réalité du quotidien viendra valider, dans les mois à venir, cette analyse de l’Insee. Les ménages français, eux, attendent des preuves tangibles pour vraiment croire en des jours meilleurs.