Surnommé le « gratte-ciel horizontal » de par ses dimensions hors normes, le Pont Simone-Veil de Bordeaux ne cesse de faire parler de lui depuis son inauguration en grande pompe cet été. Véritable prouesse technique et architecturale, cet ouvrage d’art spectaculaire vient de recevoir la prestigieuse récompense de l’Équerre d’argent 2024 dans la catégorie Infrastructures et ouvrages d’art.
Un pont de tous les superlatifs
Avec ses 549 mètres de long et 44 mètres de large, le Pont Simone-Veil détient désormais le titre de pont le plus large d’Europe. Mais au-delà de ses mensurations impressionnantes, c’est l’élégance de son architecture signée par la célèbre agence néerlandaise OMA, dirigée par Rem Koolhaas, qui force l’admiration.
Conçu comme un véritable espace public à part entière et non un simple lieu de passage, le pont offre une large place aux circulations douces. En plus des voies propres dédiées aux voitures, bus et vélos, une généreuse bande piétonne de 14 mètres de large serpente sur toute la longueur de l’ouvrage, invitant à la promenade et à la flânerie au-dessus des flots.
Un pari technologique
Pour réaliser ce projet pharaonique, les ingénieurs ont dû repousser les limites du possible et faire preuve d’une grande inventivité. La structure principale du tablier est ainsi constituée d’un treillis métallique à trois travées, une première mondiale pour un pont de cette envergure.
Le plus grand défi a été de concevoir une structure qui soit à la fois légère, pour limiter son impact sur le paysage, et suffisamment rigide pour supporter les contraintes liées au trafic et au vent.
– Michel Virlogeux, ingénieur en chef du projet
Un ouvrage au service des habitants
Au-delà de la prouesse technique, le pont se veut surtout un trait d’union entre les deux rives de la Garonne. En reliant les villes de Bordeaux et Bègles à Floirac, il permet de désenclaver des quartiers jusque-là à l’écart et de créer de nouvelles synergies à l’échelle de la métropole.
La présidente de Bordeaux Métropole, Christine Bost, se réjouit de cette récompense qui salue “un ouvrage remarquable au service des métropolitains dans leurs déplacements quotidiens”. Et le succès est déjà au rendez-vous : à peine quatre mois après l’inauguration, le pont accueille quotidiennement environ 12.000 véhicules et 2000 cyclistes.
Un prix qui récompense l’audace architecturale
Décerné chaque année par un jury composé d’architectes, de critiques et de promoteurs, le prix de l’Équerre d’argent distingue un duo maître d’ouvrage (le commanditaire) et maître d’œuvre (l’architecte) pour une réalisation emblématique livrée dans l’année sur le sol français.
Avec les années, ce prix tend à mettre en lumière des constructions qui allient utilité quotidienne et audace architecturale. Une tendance dans l’air du temps à laquelle le Pont Simone-Veil, déjà entré dans le paysage des Bordelais, correspond parfaitement.
En chiffres
- 549 mètres de long, 44 mètres de large
- 31.000 tonnes d’acier dont 21.700 tonnes pour le tablier
- 36.000 m3 de béton
- 114 haubans répartis sur 3 pylônes
- Budget : 192 millions d’euros (valeur 2019)
En définitive, le Pont Simone-Veil est bien plus qu’une prouesse d’ingénierie ou un bel objet architectural. C’est un véritable trait d’union, un symbole de cohésion pour la métropole bordelaise. Une réussite saluée aujourd’hui par la profession, mais surtout plébiscitée au quotidien par les milliers d’usagers qui l’empruntent. Preuve que l’audace et la qualité architecturales peuvent parfaitement se conjuguer avec l’utilité publique.