C’est un pan de l’histoire franco-allemande qui s’apprête à être réécrit. Le Pont de l’Europe, cet ouvrage emblématique qui enjambe le Rhin pour relier Strasbourg, en France, à sa voisine allemande Kehl, va connaître une seconde jeunesse. Un vaste projet de reconstruction vient d’être officiellement lancé par les deux villes, avec une inauguration programmée à l’horizon 2035.
Un chantier titanesque pour un symbole européen
Édifié en 1960, ce pont en béton de 250 mètres de long incarne à lui seul la réconciliation entre la France et l’Allemagne après les heures sombres de la Seconde Guerre mondiale. Plus qu’une simple infrastructure routière, il est devenu au fil des décennies un véritable trait d’union entre les deux rives du Rhin et les deux pays.
Mais le temps a fait son œuvre et malgré des travaux de confortement réalisés en 2023, une reconstruction totale s’impose désormais. Les municipalités de Strasbourg et Kehl, accompagnées par l’Eurométropole et les autorités du Bade-Wurtemberg, ont donc décidé de se lancer dans cette aventure au long cours.
Nous visons l’horizon 2035 pour l’inauguration.
Pia Imbs, présidente de l’Eurométropole de Strasbourg
Un nouveau pont pour un nouveau siècle
Le futur ouvrage sera construit juste à côté de l’actuel, qui sera ensuite démoli. Un choix stratégique qui permettra d’assurer la continuité du trafic pendant toute la durée des travaux. Car avec 27 000 véhicules par jour en 2023, le Pont de l’Europe reste un axe de franchissement majeur du Rhin, malgré l’ouverture d’une liaison tramway entre les deux villes en 2017.
Conçu pour durer environ un siècle, le nouveau pont offrira un lien pérenne entre Strasbourg et Kehl. Une nécessité pour ces deux villes frontalières dont les destins sont étroitement mêlés, comme en témoignent les nombreux travailleurs transfrontaliers qui empruntent quotidiennement cet axe.
Un investissement conséquent pour l’avenir
Mais un tel projet a un coût, et pas des moindres. Selon les premières estimations, il faudra débourser entre 30 et 40 millions d’euros pour mener à bien cette reconstruction. Un montant conséquent mais nécessaire pour offrir un ouvrage à la hauteur des enjeux du 21ème siècle.
C’est encore une hypothèse grossière à ce stade précoce.
Carsten Gabbert, président du Regierungspräsidium de Fribourg
La signature de la convention d’études marque le top départ de ce chantier hors norme. Études de trafic et d’impact, procédures réglementaires, analyses techniques et géotechniques… Les années à venir seront consacrées à poser les bases solides de cette reconstruction tant attendue.
Un pont vers le futur
Au-delà de la prouesse technique et du défi logistique, c’est un véritable pont vers le futur que s’apprêtent à bâtir Strasbourg et Kehl. Un symbole fort de la coopération européenne, qui témoigne de la volonté des deux rives du Rhin de construire ensemble un avenir commun.
Car si le Pont de l’Europe a été le témoin de l’histoire tumultueuse du 20ème siècle, son successeur sera celui d’une Europe apaisée et résolument tournée vers demain. Un message d’espoir et d’unité, à l’heure où le continent fait face à de nombreux défis.
Rendez-vous donc en 2035 pour emprunter ce nouveau trait d’union entre la France et l’Allemagne, entre Strasbourg et Kehl. Un pont qui portera en lui toute la richesse et la complexité des relations franco-allemandes, et qui incarnera, pour les générations futures, la promesse d’une Europe unie et solidaire.