Plus de 5 ans après le drame, l’affaire Aboubacar Fofana connaît un nouveau rebondissement. Le policier mis en cause dans la mort du jeune homme de 22 ans à Nantes en juillet 2018 sera bien jugé devant une cour criminelle. Son ultime recours, un pourvoi en cassation, vient d’être rejeté. Une décision importante pour la famille de la victime qui espère enfin obtenir justice.
Retour sur les faits
Le 3 juillet 2018, lors d’un banal contrôle dans le quartier sensible du Breil à Nantes, Aboubacar Fofana, 22 ans, est mortellement blessé par le tir d’un policier de la CRS. Touché au cou, le jeune homme succombera quelques heures plus tard à l’hôpital. Sa mort provoque aussitôt des tensions dans plusieurs quartiers de l’agglomération nantaise pendant plusieurs nuits.
Rapidement, les versions divergent. Le fonctionnaire évoque d’abord la légitime défense avant de parler d’un tir accidentel lors de sa garde à vue. Il explique avoir voulu empêcher le jeune homme de prendre la fuite au volant de son véhicule. Mais pour les proches d’Aboubacar, il s’agit clairement d’une bavure policière.
Un long combat judiciaire
Mis en examen, le policier va alors entamer un long parcours judiciaire pour tenter d’échapper aux poursuites. En vain. La chambre de l’instruction de Rennes confirme son renvoi devant une cour criminelle pour « violences ayant entraîné la mort sans intention de la donner ».
Les juges de la cour suprême n’ont pas validé les arguments juridiques spécieux que le mis en cause a pu développer.
Maître Franck Boezec, avocat de la famille d’Aboubacar Fofana
Déterminé, le policier se pourvoit alors en cassation. Mais la haute juridiction vient de déclarer son recours « non admis », ouvrant ainsi la voie à la tenue de son procès.
Soulagement pour la famille
Du côté des proches d’Aboubacar Fofana, cette décision est accueillie avec un certain soulagement. Leur avocat, Maître Franck Boezec, se dit « satisfait » et espère désormais que la vérité pourra éclater lors de ce procès très attendu.
Plus de 5 ans après les faits, les plaies sont encore vives. La mort de ce jeune homme avait profondément choqué, ravivant le débat récurrent sur les violences policières. Au-delà de l’émotion suscitée, cette affaire pose une nouvelle fois la question de la formation et du contrôle des forces de l’ordre, en particulier dans les quartiers difficiles.
Si la date du procès n’est pas encore connue, une chose est sûre : ce dossier explosif sera scruté de près. Au-delà du sort de ce policier, c’est tout un système qui sera jugé. Avec l’espoir qu’une telle tragédie ne se reproduise plus.