Saviez-vous que le piratage de contenu sportif coûte 290 millions d’euros par an rien qu’en France ? C’est le constat alarmant dressé par l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom). Un manque à gagner colossal pour les acteurs de l’industrie du sport.
Une perte de revenus considérable pour les clubs et fédérations
Selon l’Arcom, ces 290 millions d’euros partis en fumée représentent 15% de la valeur totale du marché des droits TV du sport. Un préjudice qui impacte durement les clubs, les fédérations sportives et par ricochet le sport amateur qui dépend des retombées économiques du sport professionnel.
Le streaming illégal des matchs et compétitions, via des sites web pirates ou des réseaux d’IPTV clandestins, prend une ampleur inquiétante. Une étude Ipsos révèle que 37% des téléspectateurs de la Ligue 1 cette saison ont regardé les matchs via des moyens illégaux. Pour le dernier classico OM-PSG, ils étaient même 55% à avoir recours au piratage !
Des pertes fiscales et sociales importantes pour l’État
Au-delà des pertes pour les acteurs du sport, le piratage a aussi un coût pour les finances publiques. D’après les estimations de l’Arcom, ce sont 420 millions d’euros de manque à gagner fiscal et social engendrés chaque année par ces pratiques illicites. De quoi creuser un peu plus le déficit public.
On fait face à un phénomène d’ampleur inédite depuis le début de saison. Les IPTV pirates représentent un enjeu majeur.
Benjamin Morel, Directeur Général de LFP Media
Le streaming illégal en net recul mais les IPTV pirates progressent
Depuis quelques années, une lutte intense est menée contre les sites de streaming illégal de sport. Avec un certain succès puisque leur audience a reculé de 18% en France entre 2023 et 2024. Plus de 7000 noms de domaine illégaux ont été bloqués en 2022 selon l’Arcom.
Toutefois, les réseaux d’IPTV pirates, accessible via des abonnements à bas prix sur des boîtiers TV connectés, sont en plein essor et très difficiles à endiguer. Ils permettent un accès à un large bouquet de chaînes pour un coût minime, au détriment des offres légales.
Les tarifs [des offres légales] ne peuvent en rien justifier le piratage, qui est du vol.
Benjamin Morel, Directeur Général de LFP Media
Un plan d’action renforcé de l’Arcom face à l’urgence
Pour tenter d’enrayer le phénomène, l’Arcom a annoncé un plan d’action renforcé :
- Intensification de la lutte contre les sites de streaming
- Coopération renforcée avec les ayants droits et les acteurs numériques
- Sensibilisation du grand public aux effets néfastes du piratage
- Soutien aux offres légales attractives
Néanmoins, pour certains observateurs, cette riposte semble bien tardive et insuffisante face à l’ampleur du problème. Le risque à terme serait de voir les diffuseurs légaux se détourner du sport, faute de rentabilité. Ce qui priverait les ligues et fédérations de leur principale source de revenus.
L’avenir du modèle économique du sport professionnel, basé sur les droits TV, semble donc plus que jamais menacé par ce fléau du piratage à grande échelle. Un dossier brûlant pour l’Arcom et les instances sportives, qui appellent à une prise de conscience collective et une réponse ferme des pouvoirs publics. L’enjeu : préserver le financement du sport et son développement à long terme.