Saviez-vous qu’un petit pays comme le Canada pourrait devenir la clé de la transition énergétique mondiale ? C’est pourtant ce qui se profile avec la relance de sa production de phosphate, un minerai critique pour la fabrication des nouvelles batteries électriques.
Un virage stratégique pour le phosphate canadien
Autrefois grand producteur de phosphate, principalement destiné aux engrais, le Canada avait délaissé cette industrie. Mais face à l’essor fulgurant des véhicules électriques, Ottawa a décidé de miser à nouveau sur ce minerai. Non plus pour l’agriculture, mais pour alimenter la révolution des batteries.
Car le phosphate est devenu un ingrédient essentiel des nouvelles batteries lithium-fer-phosphate (LFP), prisées pour leur stabilité, leur longévité et leur coût abordable. Une véritable manne pour l’industrie automobile électrique en plein boom.
Des investissements colossaux dans la filière
Pour soutenir cette ambition, les gouvernements canadien et québécois ont débloqué en 2023 près de 18 milliards de dollars pour l’ensemble de la filière batteries. Dont 13,2 milliards rien que pour une méga-usine Volkswagen en Ontario !
Cette industrie devrait contribuer directement de 5,7 à 24 milliards de dollars au PIB canadien d’ici 2030, soutenant jusqu’à 333.000 emplois.
– Clean Energy Canada
Un virage aussi rapide que massif. De quoi propulser le Canada parmi les grands de la transition énergétique, aux côtés de la Chine, des États-Unis et de l’Europe. Et redistribuer les cartes sur l’échiquier mondial des minerais stratégiques.
Vers une nouvelle géopolitique des métaux verts
Car si le phosphate a longtemps été l’apanage de quelques pays producteurs comme le Maroc, les États-Unis ou la Chine, son rôle croissant dans les technologies vertes rebat les cartes. Sécuriser son approvisionnement devient un enjeu géostratégique majeur.
En relançant sa production domestique, le Canada veut ainsi garantir son indépendance et se positionner comme un fournisseur fiable pour ses alliés. Une manière aussi de contrer l’influence grandissante de Pékin sur ce marché névralgique.
Phosphate canadien vs hégémonie chinoise
Car la Chine contrôle déjà plus de 50% des capacités de production et de raffinage de phosphate dans le monde. Une situation de quasi-monopole qui inquiète nombre de pays occidentaux, échaudés par les tensions récentes sur d’autres matières premières clés comme les terres rares.
En diversifiant l’offre mondiale, les ambitions canadiennes sur le phosphate pourraient donc rééquilibrer quelque peu ce rapport de force. Et offrir une alternative plus stable et durable aux industriels de la transition énergétique.
Un pari prometteur mais semé d’embûches
Le défi reste néanmoins de taille pour le Canada. Il faudra d’abord relancer une production nationale en déclin depuis des décennies, moderniser les infrastructures, former une main-d’œuvre qualifiée. Tout en tenant compte des enjeux environnementaux et sociaux liés à cette industrie extractive.
Plusieurs projets miniers prometteurs sont déjà en développement, comme celui de Lac à Paul au Québec, qui pourrait devenir l’un des plus gros gisements de phosphate au monde. Mais leur concrétisation demandera encore des années d’efforts et d’investissements.
Conclusion : le bon filon de la transition ?
Malgré ces défis, le pari canadien sur le phosphate a de quoi séduire. Il offre au pays une opportunité historique de s’imposer dans la course mondiale à l’énergie propre. De sécuriser sa place dans les chaînes de valeur du futur. Et pourquoi pas, de faire de ce petit minerai méconnu le nouveau fer de lance de sa diplomatie énergétique.
Une ambition qui pourrait bien faire du phosphate canadien l’un des grands enjeux géoéconomiques des prochaines années. Et de ce pays nordique, longtemps cantonné au rôle de outsider, un acteur central de la transition verte mondial. Qui l’eut cru ?