Les projecteurs sont braqués sur une nouvelle génération d’humoristes femmes qui bousculent les codes avec audace et authenticité. Marine Leonardi, Bérengère Krief, Rosa Bursztein… Âgées de 35 à 45 ans, elles remplissent les salles en abordant sans filtre la maternité, le couple et la sexualité. Leur humour féroce et libérateur fait mouche auprès d’un public avide de cette parole décomplexée.
Une révolution stand-up au féminin
Fini le temps où seules quelques reines de l’humour comme Florence Foresti ou Blanche Gardin occupaient le devant de la scène. Portée par les réseaux sociaux, une vague de jeunes humoristes talentueuses déferle et bouscule un univers longtemps dominé par les hommes. Elles se démarquent par un stand-up incisif et sans concession, ancré dans leur vécu de femme moderne.
Marine Leonardi, ancienne cadre reconvertie, incarne cette nouvelle garde avec son spectacle « Mauvaise graine ». Cette trentenaire y décrit avec férocité et élégance les défis des jeunes parents, entre baisse de libido et charge mentale. Rosa Bursztein explore quant à elle sa quête chaotique de l’amour dans « Dédoublée », un « tour des 80 connards en 1h15 ». Quant à Bérengère Krief, elle s’attaque frontalement aux tabous dans « Sexe », sans jamais tomber dans la vulgarité.
L’explosion libératrice des tabous
Ces artistes dynamitent avec jubilation tous les tabous féminins, de la sexualité à la maternité en passant par les crises existentielles. Fini le mythe de la mère parfaite et de la vie de couple idyllique! Elles racontent sans fard leurs failles, angoisses et névroses de femmes « imparfaites ». Un vent de fraîcheur salutaire qui fait voler en éclats le poids des injonctions sociétales.
« J’ai pris un coup de vieux, j’ai 35 ans, mais je me sens comme si j’en avais 250! Je ne tiens plus l’alcool, je préfère sortir avec des gars qui savent cuisiner »
– Rosa Bursztein dans « Dédoublée »
Des cuissardes trop serrées aux spermatozoïdes mal orientés du mari, tout y passe avec un humour corrosif et décapant. Elles déculpabilisent en riant les névroses de mères débordées ou d’éternelles célibataires. Le public, essentiellement féminin, adhère en masse à cette parole cathartique qui déconstruit les diktats d’une société patriarcale.
Une relation de proximité avec le public
La force de ces humoristes réside aussi dans la relation complice tissée avec leur public, notamment via les réseaux sociaux. Marine Leonardi, suivie par près de 600 000 personnes sur Instagram, s’adresse à ses fans comme à des copines. Ses vidéos face caméra sur des sujets comme le linge sale du mari ou la vasectomie deviennent vite virales. Un échange privilégié qui se prolonge sur scène, où les artistes interpellent et font participer la salle.
« Vous n’êtes pas seul.e.s. »
– Marine Leonardi, en parlant à son public comme à une amie
- Marine Leonardi compte 600 000 abonnés sur Instagram et remplit des Zénith
- Rosa Bursztein s’est fait connaître par ses vidéos pendant le confinement
- Bérengère Krief aborde sans détour des sujets intimes comme la sexualité
Fortes de cette proximité, elles fédèrent une communauté soudée et engagée. Leurs dates de tournée, calées jusqu’en 2026, affichent complet en un rien de temps. Même les plus grandes salles comme les Zénith sont prises d’assaut. Un engouement massif qui consacre le succès fulgurant de cette nouvelle scène.
L’humour féminin s’impose au sommet
Irrévérentes, libres et authentiques, ces humoristes imposent brillamment une parole féminine trop longtemps muselée. En dynamitant les codes d’un univers masculin, elles prouvent que l’humour n’a pas de genre. Leur succès sonne comme une éclatante revanche sur des décennies de domination masculine dans le stand-up.
Avec leur ton unique et leur sens aigu de l’observation, elles capturent l’air du temps et les préoccupations de toute une génération de femmes. Des quadras en quête de sens, écartelées entre désir d’émancipation et poids des conventions sociales. En riant de leurs névroses et contradictions, elles offrent un miroir réconfortant à un public en mal de représentation.
Pionnières d’un nouvel âge d’or du stand-up au féminin, ces artistes ouvrent la voie à une nouvelle vague d’humoristes décomplexées. Des personnalités singulières et inspirantes, qui prouvent avec panache qu’on peut être femme, drôle et engagée. En donnant fièrement de la voix, elles battent en brèche une industrie du rire historiquement misogyne. Une révolution culturelle majeure marquée par la victoire de l’esprit et de l’audace sur les clichés éculés. L’humour a définitivement changé de visage, et c’est tant mieux!