Les cours du pétrole ont sérieusement dévissé mardi, dégringolant de plus de 1,3%. En cause : les inquiétudes grandissantes quant au ralentissement économique en Chine, premier importateur mondial d’or noir. Avec une croissance en berne, c’est toute la demande pétrolière qui vacille, menaçant de déstabiliser un marché déjà sous pression.
La Chine, plaque tournante du marché pétrolier mondial
Véritable moteur de la demande mondiale de brut, la Chine fait figure de baromètre pour les marchés pétroliers. Lorsque son économie tousse, c’est tout l’équilibre offre-demande qui est chamboulé. Et les derniers signes ne sont guère rassurants :
- Le PIB chinois n’a progressé que de 4,7% au T2, un plus bas depuis deux ans
- Le secteur immobilier continue de peser sur l’activité
- Le traitement de pétrole brut est tombé en juin à un plancher de 6 mois
- La Chine a augmenté sa production de charbon, signe d’un arbitrage énergétique
Autant d’éléments qui laissent présager une consommation pétrolière atone dans les prochains mois. De quoi jeter un froid sur des cours déjà mal en point.
Un marché en surcapacité chronique
Malgré les efforts de l’Opep+ pour réguler l’offre en réduisant sa production, le marché pétrolier reste structurellement excédentaire. Les capacités de production disponibles agissent comme un “plafond de verre”, empêchant toute envolée durable des prix.
Les cours du baril montent autour des 85 dollars, mais il est difficile de maintenir le cap quand on sait qu’il y a toutes ces capacités de production disponibles.
– Bill O’Grady, analyste chez Confluence Investment
Certes, les coupes de l’Opep+ soutiennent les prix, mais en parallèle, la production américaine ne cesse de grimper. Un équilibre précaire qui bride toute volatilité excessive.
La présidentielle américaine, un facteur d’incertitude
À l’approche de l’élection présidentielle de 2024 aux États-Unis, l’industrie pétrolière s’interroge. Si Donald Trump revient au pouvoir, quel impact sur l’offre américaine de brut ? Le candidat républicain, qui vient de réchapper à une tentative d’assassinat, affiche sa volonté de doper la production nationale pour faire chuter les prix.
Mais les compagnies pétrolières seront-elles enclines à ouvrir grand les vannes si les cours baissent trop ? Rien n’est moins sûr. De quoi ajouter une dose d’incertitude supplémentaire sur un marché déjà fébrile.
Entre escalade des tensions géopolitiques, transition énergétique qui s’accélère et ralentissement économique, les facteurs de volatilité ne manquent pas sur le front pétrolier. Une équation complexe dont dépend la facture énergétique des ménages et la santé de pans entiers de l’économie. Les prochains mois s’annoncent décisifs pour y voir plus clair.