Le marché pétrolier est en ébullition. Vendredi, le prix du baril de Brent de la mer du Nord, référence du pétrole européen, a bondi de plus de 4,5% pour franchir le seuil symbolique des 80 dollars. Son homologue américain, le WTI, affiche une progression similaire au-delà de 77$. La menace de nouvelles sanctions américaines contre la Russie embrase les cours de l’or noir.
Les États-Unis s’apprêtent à sanctionner la « flotte fantôme » russe
D’après des sources proches du dossier, Washington se prépare à prendre des mesures punitives contre la flotte pétrolière russe. Composée d’environ 600 navires, cette « flotte fantôme » permettrait à la Russie d’exporter près de 1,7 million de barils par jour en contournant les sanctions internationales. En juillet dernier, le Royaume-Uni évaluait déjà son activité à ce niveau.
Ces sanctions supplémentaires pourraient sérieusement entraver les exportations russes à court terme, privant le marché d’une offre significative. Un scénario qui fait craindre de nouvelles tensions sur les prix avec une demande mondiale en hausse, alors que les stocks sont au plus bas.
L’efficacité des sanctions occidentales en question
Depuis le début du conflit en Ukraine, les pays occidentaux ont multiplié les sanctions contre Moscou avec un impact toutefois mitigé sur ses revenus pétroliers. Grâce à sa flotte opaque et des acheteurs alternatifs comme l’Inde ou la Chine, la Russie a pu maintenir un certain flux d’exportation.
Début décembre, l’Union Européenne avait déjà imposé un embargo et un plafonnement du prix du pétrole russe. Des mesures suivies par les États-Unis et d’autres alliés. Mais face au jeu du chat et de la souris, Washington veut aujourd’hui muscler sa réponse pour frapper plus fort le nerf de l’économie russe.
La Chine et l’Inde contraintes de revoir leur approvisionnement
Si les sanctions américaines se confirment, elles rebattront les cartes de l’approvisionnement mondial. Pékin et New Delhi, devenus des clients clés pour le brut russe depuis la guerre, pourraient devoir se tourner à nouveau vers d’autres fournisseurs comme les pays du Golfe. Une situation qui accroîtrait la pression sur l’offre globale.
Les investisseurs scrutent de près l’évolution de la situation géopolitique. Une escalade des tensions pourrait faire flamber davantage les cours.
Un marché déjà tendu entre stocks bas et demande en hausse
Avant même la menace de sanctions, le marché pétrolier montrait des signes de resserrement. Aux États-Unis, les stocks commerciaux de brut ont reculé pour la 7e semaine consécutive selon les dernières données publiées. Une contraction favorisée par un regain saisonnier de la demande.
La consommation de produits raffinés comme l’essence ou le fioul est stimulée par la vague de froid qui traverse l’Amérique. L’Europe, bien que mieux préparée, reste également vulnérable à un hiver rigoureux qui mettrait à l’épreuve son sevrage partiel du gaz russe.
Un baril à 100$ de nouveau envisageable
Malgré la réouverture chaotique de l’économie chinoise, la demande pétrolière mondiale devrait rester solide en 2023 selon la plupart des analystes. Dans ce contexte, de nouvelles sanctions contre la Russie pourraient facilement propulser les cours au-delà de 100$, un niveau plus vu depuis l’été dernier.
Les pays consommateurs, à commencer par les États-Unis et l’Europe, suivent donc de très près l’évolution du dossier. Le spectre d’une flambée inflationniste liée à l’énergie hante encore les esprits. Un test grandeur nature pour la détermination occidentale face à Moscou et pour la résilience de l’économie mondiale.