Un coup dur pour les narcotrafiquants en 2024 : selon une source gouvernementale, le Pérou, deuxième plus grand producteur mondial de feuilles de coca, a éradiqué plus de 25 000 hectares de cultures illégales destinées à la production de cocaïne. Une surface record, en hausse par rapport aux 22 500 hectares détruits en 2023. Au total, ce sont 25 782 hectares de coca qui ont été éliminés, permettant d’éviter la production potentielle de 236 tonnes de chlorhydrate de cocaïne, la poudre blanche tant prisée des consommateurs.
Une culture illégale qui reste importante malgré la répression
Malgré ces chiffres encourageants, la culture de la feuille de coca, ingrédient de base de la cocaïne, reste très répandue au Pérou. Selon la Commission nationale pour le développement et la vie sans drogues (Devida), les superficies cultivées atteignaient encore 92 784 hectares en 2023 et 95 000 hectares en 2022. Le pays produit environ 400 tonnes de cocaïne par an, loin derrière la Colombie, premier producteur mondial avec 2 664 tonnes en 2024 (+53% en un an, un record historique). Une production illégale en grande partie : si la culture de coca est légale au Pérou lorsqu’elle est destinée à des fins traditionnelles ou médicinales, 90% seraient en réalité consacrés au narcotrafic, malgré une consommation légale par environ 6 millions de Péruviens.
78,5 tonnes de cocaïne saisies et incinérées en 2024
Les autorités péruviennes intensifient la lutte et affirment avoir saisi et incinéré quelque 78,5 tonnes de cocaïne en 2024. Un chiffre conséquent, mais qui reste une goutte d’eau face aux centaines de tonnes produites. Selon un rapport conjoint du gouvernement colombien et de l’agence de l’ONU contre les drogues (ONUDC), les surfaces de coca en Colombie s’étendaient sur 253 000 hectares en 2024.
La France, un pays de plus en plus accro à la cocaïne
Si les pays producteurs luttent contre le fléau, les pays consommateurs voient la demande exploser. C’est le cas en France, où une étude de l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT) publiée fin juin révèle qu’un adulte sur dix a déjà expérimenté la cocaïne au moins une fois dans sa vie.
La cocaïne est de plus en plus disponible. L’offre a beaucoup augmenté, avec des saisies records, dans un contexte de production en hausse considérable, un prix qui stagne – entre 60 et 70 euros le gramme – alors que la pureté augmente.
Guillaume Airagnes, directeur de l’OFDT
Une lutte sans fin contre les narcotrafiquants ?
Malgré les efforts des pays producteurs comme le Pérou pour éradiquer les cultures illégales, le marché mondial de la cocaïne ne faiblit pas, bien au contraire. Les saisies records et l’augmentation de la pureté montrent que les narcotrafiquants font preuve de résilience et d’adaptation pour répondre à une demande toujours plus forte des consommateurs, notamment dans les pays occidentaux. Une situation qui soulève des questions sur l’efficacité à long terme des politiques de lutte contre la drogue, souvent centrées sur la répression de l’offre, sans s’attaquer suffisamment aux racines de la demande. Le chemin vers un monde sans cocaïne semble encore long et semé d’embûches.