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Le Pen, Meloni, la grande alliance européenne des populistes ?

Alors que l’échéance des élections européennes de 2024 se profile à l’horizon, les mouvements populistes et eurosceptiques de droite dure sont en ébullition sur le Vieux Continent. Marine Le Pen en France et Giorgia Meloni en Italie, figures de proue de cette mouvance, multiplient les manœuvres et les rapprochements dans l’espoir de bâtir une vaste coalition nationaliste capable de peser au Parlement de Strasbourg. Une perspective qui suscite l’inquiétude des pro-européens.

Le grand dessein de Le Pen et Meloni

Faire émerger un pôle souverainiste puissant et uni, voilà l’ambition affichée par Marine Le Pen et Giorgia Meloni. La présidente du Rassemblement National aspire depuis longtemps à fédérer les droites radicales européennes. Quant à la patronne de Fratelli d’Italia, elle voit dans ce projet l’occasion pour son parti post-fasciste de gagner en respectabilité sur la scène internationale.

Malgré certaines divergences idéologiques, les deux femmes partagent un socle de valeurs commun : rejet de l’immigration, défense de l’identité chrétienne, revendication de la souveraineté nationale face aux instances de Bruxelles… Autant de thématiques porteuses dans une Europe en proie aux crises et au désenchantement.

Une tournée des capitales

Pour rallier à leur cause, Le Pen et Meloni bataillent ferme en coulisses. Madrid, Varsovie, Budapest, Prague… La française et l’italienne enchaînent les visites chez leurs homologues nationalistes : Santiago Abascal (Vox), Mateusz Morawiecki (PiS), Viktor Orban (Fidesz), Tomio Okamura (SPD). L’objectif : poser les jalons d’un groupe parlementaire eurosceptique d’envergure, renforcé par l’absence des Britanniques du Brexit Party.

Il est temps d’unir nos forces patriotes pour défendre une Europe des Nations libres et souveraines.

Marine Le Pen, présidente du Rassemblement National

L’épineuse question de l’AfD allemande

Cependant tout n’est pas si simple dans cette entreprise de recomposition. La rupture récente entre le RN et l’AfD allemande, jugée trop extrémiste, illustre la complexité de l’équation. Consciente du potentiel électoraliste de l’AfD, Meloni s’active en coulisse pour recoller les morceaux entre les deux formations. Peine perdue pour l’instant, Le Pen campant sur ses positions par crainte d’être éclaboussée par les scandales à répétition du mouvement germanique d’ultra-droite.

2024, un test grandeur nature

Malgré les embûches, le camp nationaliste aborde la bataille des européennes avec des ambitions élevées. Portés par une dynamique sondagière favorable, Le Pen et ses alliés visent un groupe d’au moins 150 députés, contre 73 actuellement pour Identité et Démocratie. De quoi chambouler les équilibres à Strasbourg et tenter de peser face au duopole PPE-S&D. Meloni, elle, lorgne carrément la présidence de la Commission, un poste stratégique qui lui permettrait d’imposer son agenda.

Du côté des partisans d’une Europe fédérale et progressiste, c’est la grande inquiétude. Beaucoup redoutent l’avènement d’une “Illiberal Europe” et un coup d’arrêt brutal au processus d’intégration politique. Certains, comme le ministre allemand Cem Özdemir, agitent même le spectre d’un ” Polexit ” en cas de victoire des souverainistes. Le sort de l’UE pourrait donc se jouer en partie dans les urnes au printemps 2024. Les pro-européens en sont conscients, eux qui fourbissent leurs armes pour une campagne à haut risque.

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