Invitée sur le plateau de LCI mercredi soir, Marine Le Pen a créé la surprise en affirmant que malgré les provocations répétées de son père Jean-Marie Le Pen envers la communauté juive, « le Front National a toujours été sioniste ». Une déclaration choc qui soulève de nombreuses interrogations sur ce revirement inattendu.
Un passé tourmenté avec la communauté juive
Il est indéniable que les relations entre Jean-Marie Le Pen et les Juifs ont été plus que houleuses. L’ancien président du FN, exclu du parti en 2015, n’a eu de cesse de multiplier les provocations, faisant notamment référence au « détail de l’histoire » en parlant des chambres à gaz. Des sorties polémiques qui ont conduit à la rupture politique entre le père et la fille.
Les relations entre Jean-Marie Le Pen et la communauté juive ont été extrêmement difficiles. Il a aggravé cette difficulté en multipliant des provocations qui ont amené à notre séparation politique.
– Marine Le Pen
Le RN, « bouclier » de la communauté juive ?
Malgré ce lourd héritage, Marine Le Pen assure aujourd’hui que son parti a toujours soutenu Israël et sa sécurité. Accusant certains responsables communautaires de mener un « combat injustifié » à son égard, la cheffe de file des députés RN se pose en rempart face à la menace islamiste :
Le seul mouvement politique qui véritablement est un bouclier pour protéger nos compatriotes de confession juive de l’idéologie islamiste qui est mortelle pour nous mais dont ils sont les principales victimes, c’est le RN.
– Marine Le Pen
Le soutien des Klarsfeld
Pour étayer sa position, Marine Le Pen s’appuie sur les déclarations récentes des époux Klarsfeld, célèbres « chasseurs de nazis ». Serge et Beate Klarsfeld auraient en effet affirmé que le RN n’était pas antisémite et constituait un parti républicain. Une caution morale de poids pour la candidate à la présidentielle de 2024.
Un virage pro-israélien opportuniste ?
Si Marine Le Pen se félicite qu’environ 18% des Français juifs aient l’intention de voter pour la liste RN aux prochaines européennes, certains doutent de la sincérité de ce revirement sioniste. Le grand rabbin de France Haïm Korsia y voit ainsi une manœuvre électoraliste motivée par le rejet des musulmans et du monde arabe.
Quoi qu’il en soit, ce positionnement marque un tournant majeur dans l’histoire et l’identité du Front National devenu Rassemblement National. Un virage idéologique qui ne manquera pas de faire réagir, tant il tranche avec l’héritage sulfureux laissé par Jean-Marie Le Pen. L’avenir dira si cette nouvelle ligne pro-israélienne relève d’une conviction profonde ou d’un calcul politique. En attendant, Marine Le Pen compte bien capitaliser sur ce soutien inattendu à la communauté juive en vue des prochaines échéances électorales.