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Le Pen et Bardella Reçus par l’Ambassadeur US à Paris

Marine Le Pen et Jordan Bardella viennent d’être reçus à l’ambassade américaine par Charles Kushner, l’envoyé de Donald Trump. Une rencontre qui fait déjà trembler l’échiquier politique français à deux ans de la présidentielle. Que se sont-ils vraiment dit derrière les portes closes ?

Et si la prochaine présidentielle française se jouait déjà, discrètement, dans les salons feutrés de l’ambassade des États-Unis à Paris ?

Vendredi, une photo a fait l’effet d’une petite bombe sur les réseaux : Marine Le Pen et Jordan Bardella, tout sourire, posant aux côtés de Charles Kushner, l’ambassadeur américain nommé par Donald Trump. Une image qui en dit long sur les nouveaux équilibres géopolitiques qui se dessinent.

Une rencontre qui n’a rien d’anodin

Charles Kushner, père de Jared Kushner et beau-père de la fille de Donald Trump, ne fait rien au hasard. Quand il reçoit, c’est pour comprendre. Et quand il reçoit les deux têtes du Rassemblement National, c’est pour comprendre ce que pourrait devenir la France en cas de victoire de l’extrême droite en 2027.

Sur X, l’ambassadeur a été clair : il voulait connaître « leurs vues de ce qui attend la France » et « apprécier cette opportunité d’en savoir plus sur le programme économique et social » du RN. Des mots diplomatiques pour une réalité brutale : Washington anticipe déjà tous les scénarios.

Le timing est parfait… ou inquiétant

Cette rencontre intervient moins de deux mois après le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche. Un Trump qui, rappelons-le, n’a jamais caché une certaine proximité idéologique avec certains leaders souverainistes européens.

La veille même de la rencontre, Jordan Bardella était sur un plateau télévisé. Interrogé sur ses liens avec l’administration américaine, il avait pourtant juré la main sur le cœur : « Je n’ai aucune admiration pour un dirigeant étranger quelconque ». Quelques minutes plus tôt, il venait pourtant de saluer « des leaders courageux comme Georgia Meloni ou comme Donald Trump » qui veulent « arrêter la guerre » en Ukraine.

« Très heureux que dans le camp occidental il y ait des leaders courageux […] capables de se mettre autour d’une table pour décréter les conditions de la paix »

Jordan Bardella, la veille de sa rencontre avec l’ambassadeur américain

Le contraste est saisissant. Et il en dit long sur la difficulté du RN à assumer pleinement une forme de rapprochement transatlantique version Trump.

Le RN n’est pas le seul invité

Il serait tentant de crier au scandale ou à l’alignement. Mais la réalité est plus nuancée. Charles Kushner reçoit tout le monde. Ou presque.

Jeudi, c’était Édouard Philippe qui était invité. L’ancien Premier ministre, patron d’Horizons et candidat déclaré à la présidentielle, a longuement discuté de « ses plans et priorités pour 2027 ». Mi-novembre, Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur et président des Républicains, avait lui aussi franchi les portes de l’ambassade pour « partager ses points de vue sur l’ambiance actuelle en France ».

Autrement dit : l’ambassade américaine sonde, écoute, cartographie. Comme elle l’a toujours fait. Mais dans le contexte du retour de Trump, ces rencontres prennent une tout autre saveur.

2027 : le grand échiquier se met en place

À dix-huit mois du prochain scrutin présidentiel, les candidats se positionnent. Et les grandes puissances regardent déjà qui pourrait s’asseoir à l’Élysée.

Pour le Rassemblement National, cette rencontre est une forme de reconnaissance. Longtemps diabolisé, parfois mis au ban de la diplomatie, le parti de Marine Le Pen voit aujourd’hui les portes s’ouvrir. Même celles de la plus puissante ambassade du monde.

Pour les États-Unis de Trump, c’est une assurance tous risques. On parle avec tout le monde. On comprend les programmes. On anticipe. Et si demain la France bascule à droite dure, Washington ne sera pas pris au dépourvu.

Entre realpolitik et symboles forts

Il y a dix ans, une telle photo aurait déclenché une tempête médiatique. Aujourd’hui, elle passe presque inaperçue. Ou du moins, elle est relativisée.

Cela en dit long sur la normalisation progressive du RN dans le paysage politique français. Le parti n’est plus seulement dans les urnes. Il est dans les ambassades. Il discute économie, géopolitique, avenir de la France.

Et pendant ce temps, la gauche reste étrangement discrète sur le sujet. Comme tétanisée par l’idée que l’extrême droite puisse un jour être considérée comme un interlocuteur légitime par la première puissance mondiale.

Et maintenant ?

Cette rencontre n’aura probablement aucune incidence directe sur l’élection de 2027. Mais elle marque un tournant.

Elle montre que le RN n’est plus seulement un parti protestataire. Il est devenu un acteur avec lequel on doit compter. Y compris à l’international.

Elle montre aussi que dans un monde bouleversé par le retour de Trump, les anciennes lignes rouges bougent. Que la realpolitik reprend ses droits. Et que la France, quoi qu’il arrive en 2027, ne sera plus tout à fait la même.

Une chose est sûre : cette photo, prise dans un salon de l’ambassade américaine, entrera dans les livres d’histoire. Peut-être comme un détail. Peut-être comme le début de quelque chose de beaucoup plus grand.

À suivre. De très près.

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