Imaginez un instant que la France disparaisse de la scène internationale, dépassée économiquement par les puissances étrangères. Ce scénario catastrophe n’est pas si irréaliste si nous n’adoptons pas rapidement un véritable patriotisme économique. Car les règles du jeu ont changé et nos principes économiques traditionnels ne suffisent plus face aux défis actuels.
Un Monde en Pleine Mutation Économique
Depuis la crise du Covid et la guerre en Ukraine, le dogme du libre-échange et de la concurrence sans entraves a volé en éclats. Les États interviennent massivement pour soutenir leurs industries stratégiques, quitte à enfreindre les traités. Une féroce guerre économique oppose désormais les grandes puissances, Chine et États-Unis en tête :
- Guerre des métaux, de l’eau, du spatial
- Monopoles sur les minerais critiques
- Espionnage économique à grande échelle
- Lois extraterritoriales américaines
Face à ce déchaînement, les instances multilatérales comme l’OMC sont impuissantes. Et l’Europe, ancrée dans ses vieux principes, apparaît bien naïve et vulnérable. Nous payons aujourd’hui le prix de nos dépendances stratégiques, du gaz russe aux terres rares chinoises en passant par les technologies américaines.
Le Patriotisme Économique, Une Idée Simple
Pourtant, des solutions existent pour redonner des marges de manœuvre à la France et à l’Europe. Elles passent par l’adoption assumée d’un patriotisme économique, c’est-à-dire l’application d’un principe de réciprocité bien compris : “je t’autorise ce que tu m’autorises“. Concrètement, cela implique :
- Une coordination renforcée entre administrations et entreprises
- La création d’un grand fonds souverain pour nos filières d’avenir
- L’adaptation de notre droit face aux menaces étrangères
- L’extension des secteurs protégés et des aides publiques
- Un filtrage européen obligatoire des investissements extra-européens
- Une diplomatie offensive face aux pratiques déloyales
En fait, la politique économique de la France doit s’adosser au patriotisme économique. Ce n’est pas un gros mot, il n’est que l’application du principe de réciprocité.
Bernard Carayon, ancien député
Passer des Paroles aux Actes
Bien sûr, ce patriotisme économique ne doit pas virer au nationalisme obtus. Il s’agit de défendre intelligemment nos intérêts vitaux, en jouant collectif au niveau européen. Mais il est temps de passer des incantations aux actes, en prenant exemple sur les méthodes de nos compétiteurs.
Cela implique d’avoir une vision claire de nos dépendances critiques et d’allouer les moyens pour les réduire. De muscler notre appareil diplomatique pour peser face aux prédateurs. Et surtout, de fédérer les énergies autour de ce projet vital pour notre souveraineté et notre prospérité.
Un Sursaut Nécessaire
Car in fine, c’est bien notre place dans l’Histoire qui est en jeu. Soit la France reste un acteur qui compte, capable de défendre ses intérêts et ses valeurs dans la mondialisation. Soit elle décline inexorablement, subissant la loi du plus fort imposée de l’extérieur.
Entre ces deux options, le choix est vite fait. Mais il implique un sursaut collectif, un nouveau logiciel économique. Le patriotisme économique, porteur de souveraineté et de réciprocité, en est la clé. À nous de nous en emparer, sans complexes, si nous voulons rester maîtres de notre destin.
