« Avec le loup, il n’y a plus d’avenir dans ce métier. » Ces mots, emplis de colère et de désespoir, sont ceux d’Olivier Maurin, éleveur en Lozère. À 49 ans, il se bat au quotidien pour défendre son métier, sa passion, face à un prédateur qui menace chaque jour un peu plus l’équilibre fragile du pastoralisme : le loup.
Un enfant de la Lozère amoureux de son terroir
Olivier Maurin est un homme de la terre, profondément attaché à son pays et à ses paysages. Né en Lozère, il a grandi au cœur de cette nature sauvage et préservée. Très jeune, il a su que sa vie serait dédiée à l’élevage, un métier qu’il considère comme « le plus beau du monde. » Aujourd’hui à la tête d’un troupeau de 1200 brebis, il exploite près de 500 hectares de surface agricole avec deux associés.
Mais depuis quelques années, une ombre plane sur ce tableau idyllique : le loup. Olivier Maurin se souvient parfaitement de la première attaque sur l’une de ses brebis. Une scène d’une violence inouïe, qui l’a profondément marqué. « Quand on l’a retrouvée, son ventre était ouvert, elle respirait par la trachée… Je n’ai pas pu l’achever moi-même. Tuer, ça ne fait pas partie de mon métier. »
Un combat de tous les jours pour protéger les troupeaux
Depuis, c’est un combat de tous les instants pour tenter de protéger au mieux ses bêtes des assauts du prédateur. Chiens de protection, parcs électrifiés, surveillance renforcée… Olivier Maurin ne compte plus ses heures passées à essayer de sécuriser son troupeau, souvent en vain. Car malgré tous ses efforts, les attaques se multiplient, décimant chaque année un peu plus son cheptel.
Un constat amer qui le pousse aujourd’hui à alerter sur la situation dramatique des éleveurs confrontés à la prédation. Pour lui, l’avenir même du pastoralisme est en jeu. Il en veut pour preuve le désarroi de son fils Mathéo, 19 ans, qui rêve pourtant de reprendre l’exploitation familiale. « Il adore m’aider à la ferme. Mais je lui dis de faire autre chose de sa vie. Mes gamins, je n’ai pas envie de les envoyer au suicide, vous comprenez ? »
Un appel à l’aide face au désarroi des éleveurs
Au-delà de son cas personnel, Olivier Maurin se fait le porte-parole de toute une profession en souffrance. Élu local engagé, il multiplie les interventions auprès des pouvoirs publics pour tenter de faire bouger les lignes. Mais face à l’immobilisme des autorités, le découragement gagne du terrain chez les éleveurs.
On a l’impression de ne pas être entendus, de ne pas être compris. C’est toute une façon de vivre, tout un pan de notre patrimoine qui est en train de mourir à petit feu.
– Olivier Maurin, éleveur en Lozère
Pour lui, il est urgent d’agir avant qu’il ne soit trop tard. Car au-delà des pertes économiques engendrées par la prédation, c’est tout un mode de vie, forgé au fil des siècles en harmonie avec la nature, qui est aujourd’hui menacé de disparition. Un constat alarmant qui en dit long sur les défis immenses qui attendent le monde agricole dans les années à venir.
Face à ce sombre tableau, Olivier Maurin refuse pourtant de baisser les bras. Avec la force et la détermination de ceux qui aiment viscéralement leur métier, il continue de se battre jour après jour pour défendre son troupeau et ses convictions. Un combat vital pour l’avenir du pastoralisme, mais aussi pour la préservation de tout un pan de notre héritage rural et de nos paysages.
Son appel déchirant est celui d’un homme qui se sent acculé, mais qui veut encore croire en des lendemains meilleurs pour les éleveurs. Un cri du cœur qui résonne comme un ultime SOS, dans l’espoir d’être enfin entendu avant qu’il ne soit trop tard. Car derrière chaque attaque de loup, c’est un peu de notre âme paysanne qui s’éteint, inexorablement.