Au cœur des vastes étendues océaniques, les intrépides skippers du Vendée Globe affrontent non seulement les éléments déchaînés, mais aussi leurs propres superstitions maritimes. Parmi les rites incontournables de cette odyssée en solitaire autour du globe, le passage de l’Équateur tient une place toute particulière. Véritable moment charnière de la course, il marque l’entrée dans l’hémisphère sud et l’approche des redoutables quarantièmes rugissants. Mais au-delà de l’aspect purement géographique, franchir cette ligne imaginaire revêt une dimension quasi-mystique pour ces marins aguerris.
Neptune, maître incontesté des océans
Depuis la nuit des temps, les hommes de mer vouent un profond respect à Neptune, dieu romain des eaux et des sources. Selon la tradition, tout marin franchissant pour la première fois l’Équateur doit s’attirer les bonnes grâces de cette divinité afin de s’assurer une traversée sans encombre. Ainsi, à l’approche de la latitude zéro, les bizuts de l’Équateur s’apprêtent à vivre leur baptême, un rite initiatique empreint de solennité.
Offrandes et libations pour s’attirer les faveurs divines
Thomas Ruyant, premier concurrent à basculer dans l’hémisphère sud lors de cette édition, n’a pas failli à la tradition. Le skipper de LinkedOut s’est plié de bonne grâce au cérémonial, comme il le confie :
J’ai versé un peu de rhum à Neptune, un coup pour le bateau et un coup pour moi. C’est important de perpétuer ces traditions, ça fait partie de l’aventure !
Charlie Dalin, actuel leader au classement, avait quant à lui prévu une petite bouteille de Calvados pour l’occasion, un clin d’œil à ses racines normandes. Sébastien Simon, skipper d’Arkéa-Paprec, a choisi le génépi comme breuvage votif, rendant ainsi hommage à ses origines savoyardes.
Un rite de passage symbolique
Au-delà de l’aspect folklorique, le baptême de l’Équateur permet aux marins de marquer une étape clé de leur périple. Après des jours de navigation dans l’Atlantique nord, souvent éprouvants, ce passage symbolise un nouveau départ. Sam Davies, qui participe à son troisième Vendée Globe, souligne l’importance de ce rituel :
C’est un moment spécial, presque solennel. On laisse derrière nous une partie de la course et on se projette vers la suite. Les mers du sud nous attendent, avec leurs défis et leurs promesses.
Si les formes varient d’un skipper à l’autre, l’esprit demeure : rendre hommage à Neptune, dieu tutélaire des océans, pour s’attirer sa bienveillance. Une manière aussi pour ces marins solitaires de se raccrocher à des traditions ancestrales, créant ainsi un lien invisible entre tous ceux qui ont un jour franchi ce fameux parallèle.
Cap sur les mers du sud
Une fois leur tribut versé à Neptune, les skippers du Vendée Globe peuvent se tourner vers la suite de leur périple. L’horizon s’ouvre désormais sur les quarantièmes rugissants et le redouté Cap de Bonne-Espérance, qui ouvrira la voie vers les mers australes. Mais avant d’affronter ces défis titanesques, ils garderont tous en mémoire cet instant suspendu, où tradition et superstition se sont mêlées au cœur de l’Atlantique.
Au fil des éditions, le passage de l’Équateur demeure un incontournable du Vendée Globe, témoin immémorial du lien indéfectible qui unit les marins aux océans qu’ils défient. Un rite initiatique qui, au-delà de la compétition, rappelle à chacun la dimension profondément humaine de cette aventure hors norme.
