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Le Parti libéral démocrate japonais : pilier politique

Le Parti libéral démocrate japonais, au pouvoir pendant 69 ans, fait face à de nouveaux défis aux élections législatives. Scandales, crises, division de l'opposition... Découvrez les secrets de sa longévité exceptionnelle et les enjeux cruciaux pour son avenir à la tête du Japon.

Au cœur de la vie politique nippone depuis près de 7 décennies, le Parti libéral démocrate (PLD) japonais s’apprête à affronter un nouveau scrutin législatif ce dimanche, avec l’incertitude de conserver sa majorité parlementaire. Retour sur le parcours remarquable de cette formation conservatrice et nationaliste, véritable institution au pays du Soleil Levant.

Genèse d’un géant politique

Né en 1955 de l’union de deux mouvements conservateurs, le PLD s’est très vite imposé comme le maître du jeu politique japonais. Il régnera sans partage jusqu’en 1993, accompagnant l’envol économique et l’élévation du niveau de vie de l’archipel, avant de revenir aux commandes de 1994 à 2009, puis depuis 2012. Un parcours presque sans faute, soutenu par un allié de poids : les États-Unis, qui voyaient en ce parti un rempart contre la menace communiste pendant la Guerre Froide.

Un rassemblement hétéroclite

Loin d’être un bloc monolithique, le PLD abrite en son sein une mosaïque de sensibilités et de factions rivales, source de conflits internes mais aussi de sa capacité d’adaptation. Comme l’explique Yu Uchiyama, professeur de sciences politiques : “Plutôt que de fonder ses actions sur une idéologie, le PLD agit en fonction de ce que lui disent les électeurs. Cette flexibilité a permis au parti de rester longtemps au pouvoir”. Une souplesse dont l’opposition, trop morcelée, n’a jamais su faire preuve.

Les raisons d’une hégémonie

Comment expliquer une telle longévité malgré les affaires et les soubresauts économiques ? Selon Tomoaki Iwai de l’université Nihon, le PLD reste associé, dans l’imaginaire collectif, aux années fastes de l’après-guerre. Un atout de taille au sein d’une population vieillissante. Le mode de scrutin favorise également ce parti bien implanté, disposant de puissants relais locaux et sectoriels, rendant l’alternance difficile.

De rares traversées du désert

Le PLD a néanmoins connu quelques périodes de disgrâce. En 1993, l’éclatement de la bulle spéculative et un scandale de corruption lui ont coûté le pouvoir, pour une brève parenthèse. Puis, de 2009 à 2012, c’est le Parti démocrate du Japon (centre-gauche) qui a pris les rênes, avant d’être sanctionné pour sa gestion calamiteuse de la catastrophe de Fukushima. Erreurs dont le PLD de Shinzo Abe a su tirer profit pour revenir en force.

Vers un avenir plus incertain ?

Aujourd’hui, le nouveau Premier ministre Shigeru Ishiba, qui a succédé au très critiqué Fumio Kishida, joue son va-tout en convoquant des élections anticipées. Mais les sondages sont mitigés : la coalition PLD-Komeito pourrait perdre la majorité absolue. Pour autant, une défaite semble peu probable au vu d’une opposition toujours en ordre dispersé. “Il est très difficile de le prédire. Mais à chaque fois, les électeurs punissent le PLD et finissent par revenir vers lui”, résume M. Uchimura. Le parti saura-t-il, une fois de plus, rebondir et se réinventer ? Réponse dans les urnes.

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