Un vent de fronde souffle sur le Parlement européen. Mercredi, les eurodéputés ont voté en faveur d’un projet de budget 2025 plus ambitieux que celui adopté mi-septembre par les États membres, jugé comme un budget “d’austérité”. Ce vote intervient dans un contexte post-Covid où les choix budgétaires font débat.
Le Parlement rétablit des crédits clés, dont Erasmus
À une forte majorité, le Parlement a décidé de rétablir certaines dépenses, en particulier pour le programme d’échange universitaire Erasmus, qui avaient été réduites dans le projet initial du Conseil de l’UE. Les eurodéputés dénoncent des coupes budgétaires dans des “programmes importants” visant uniquement à “rembourser les charges d’intérêt” de l’emprunt européen post-Covid.
Pour beaucoup, ce premier budget depuis les élections européennes de juin “ne doit pas être celui de la régression”. Jean-Marc Germain, du groupe S&D, a ainsi fustigé un risque de “carcan financier” mardi lors des débats.
Retour à la proposition initiale de la Commission
Concrètement, le texte voté mercredi prévoit de revenir au projet initial de la Commission européenne, soit un peu plus de 200 milliards d’euros au total pour 2025. Un montant que le Conseil avait ensuite raboté d’environ 10 milliards, invoquant notamment le surcoût lié à la dette Covid dans un contexte de hausse des taux.
Nous rejetons le projet du Conseil, qui selon nous, correspond à un budget d’austérité.
Victor Negrescu, co-rapporteur du texte
Trois semaines pour trouver un accord
Le budget européen doit être approuvé à la fois par les États membres et les eurodéputés. Les deux institutions ont maintenant trois semaines pour parvenir à un compromis. Les rapporteurs se veulent optimistes, soulignant qu’il ne s’agit pas de demander “de l’argent supplémentaire” mais plutôt “d’utiliser l’argent disponible” différemment.
L’extrême droite dénonce des dépenses inutiles
Sans surprise, l’extrême droite s’est opposée à cette hausse des dépenses, y voyant un financement de “milliers de programmes et autres machins inutiles ou nuisibles” selon les mots du Français Nicolas Bay (ECR). Mais cette position est restée très minoritaire.
Ce vote du Parlement constitue donc un signal politique fort envoyé aux États membres. Reste à savoir s’il sera suffisant pour infléchir la position du Conseil et éviter ce que beaucoup qualifient déjà de “budget d’austérité”. Les négociations des prochaines semaines s’annoncent intenses.