Dans une résolution adoptée ce jeudi à une large majorité, le Parlement européen a fermement condamné la répression exercée par le régime azerbaïdjanais, qui s’est selon eux intensifiée à l’approche de la COP29 que le pays doit accueillir en novembre prochain. Les eurodéputés jugent ces violations des droits humains totalement incompatibles avec le statut de pays hôte d’une telle conférence internationale sur le climat.
Une répression accrue dénoncée par les eurodéputés
D’après le texte voté, les atteintes aux libertés fondamentales perpétrées par les autorités azerbaïdjanaises se sont multipliées ces derniers mois, à mesure que l’échéance de la COP29 approchait. Le pays, riche en hydrocarbures, est régulièrement pointé du doigt pour sa répression de toute forme de contestation sur son territoire.
Certains élus européens n’ont pas mâché leurs mots. Pour l’eurodéputé François-Xavier Bellamy, “l’organisation de la COP29 à Bakou est un scandale”. Il a d’ailleurs invité deux opposants azerbaïdjanais à Strasbourg, dont le frère de Vidadi Isgandarli, mort début octobre seulement deux jours après avoir été poignardé à son domicile en France où il avait obtenu le statut de réfugié politique.
Le Parlement exige l’arrêt de la répression et des sanctions
Au-delà de la condamnation, les eurodéputés ont demandé au gouvernement azerbaïdjanais de “cesser toute forme de répression sur le territoire national et à l’étranger”. Ils dénoncent notamment les interventions “actives” de l’Azerbaïdjan en Nouvelle-Calédonie, territoire français d’outre-mer, sous couvert d’anticolonialisme.
Le Parlement européen souhaite aussi que l’Union européenne réduise ses achats de gaz azerbaïdjanais. Les élus redoutent en effet que ces approvisionnements ne soient compensés par des importations de gaz russe par Bakou, alors même que les Européens cherchent à diminuer leur dépendance aux hydrocarbures russes.
C’est désormais clair, en important du gaz azéri, nous finançons la machine de guerre de Poutine.
Raphaël Glucksmann, eurodéputé français
Enfin, les eurodéputés ont appelé les autorités de l’UE à prendre des sanctions ciblées contre les responsables azerbaïdjanais coupables de violations des droits humains. Une façon de maintenir la pression sur le régime du président Ilham Aliev, qui dirige le pays d’une main de fer depuis 2003.
Un opposant azerbaïdjanais à l’honneur
En parallèle de cette résolution, le Parlement européen a tenu à rendre hommage à Gubad Ibadoghlu, militant anti-corruption azerbaïdjanais dont l’état de santé se dégrade depuis son arrestation en juillet dernier. Il figurait parmi les trois finalistes du prestigieux prix Sakharov décerné jeudi par l’institution.
Si le prix est finalement revenu à des opposants vénézuéliens, la présidente du Parlement Roberta Metsola a salué le combat de Gubad Ibadoghlu en annonçant le lauréat. Un signe supplémentaire que la question du respect des droits humains en Azerbaïdjan est plus que jamais sous les projecteurs à Bruxelles et Strasbourg.
Un pays sous la coupe d’Ilham Aliev depuis 2003
Ancien général du KGB soviétique, Ilham Aliev a succédé à son père Heydar Aliev à la tête de l’Azerbaïdjan en 2003. Depuis, cet homme de 62 ans règne sans partage sur le pays, muselant toute velléité de contestation grâce à un appareil sécuritaire omnipotent.
Malgré les critiques récurrentes sur la situation des droits de l’Homme, le président Aliev est parvenu à maintenir son emprise en jouant habilement de la rente pétrolière et gazière et des rivalités géopolitiques dans le Caucase, notamment avec l’Arménie voisine. Reste à savoir si la pression internationale, symbolisée par la résolution du Parlement européen, finira par faire infléchir son régime ou si la répression continuera de plus belle.
Une chose est sûre, l’organisation de la COP29 en novembre prochain sera scrutée de près. Au-delà des enjeux climatiques, ce rendez-vous mondial sera aussi un test pour la diplomatie azerbaïdjanaise et sa capacité à polir son image malgré les accusations de violations des droits humains. Les prochains mois s’annoncent déterminants pour l’avenir du pays et de ses relations avec l’Union européenne.