Imaginez un peu : la chaleur émanant du bouillonnant métro londonien, où le thermomètre dépasse allègrement les 30°C, bientôt mise à profit pour chauffer de manière écoresponsable certains des plus illustres monuments de la capitale britannique. C’est le projet audacieux baptisé South Westminster Area Network (ou Swan) qui se profile à l’horizon 2026, un des premiers et plus ambitieux réseaux de chaleur du Royaume-Uni.
Sous l’impulsion du gouvernement, ce vaste chantier vise à récupérer l’excédent thermique généré non seulement par le célèbre “Tube”, mais aussi par les égouts et même la Tamise, pour alimenter en énergie bas carbone des centaines de bâtiments historiques et institutions du quartier de Westminster. Un réseau souterrain de tuyaux acheminera ainsi cette précieuse chaleur vers les systèmes d’eau et de chauffage de ces édifices emblématiques.
Du Parlement à la National Gallery, des monuments chauffés au métro
Parmi les prestigieux bénéficiaires de cette initiative, on compte déjà le Parlement britannique lui-même, mais aussi Downing Street, résidence officielle du Premier ministre. D’autres hauts lieux tels que le musée Tate Britain, la gare Victoria ou encore l’Abbaye de Westminster pourraient également profiter de ce dispositif novateur, leur permettant de réduire drastiquement leur empreinte carbone.
Pour Miatta Fahnbulleh, sous-secrétaire d’État à l’énergie, ce projet est un parfait exemple de ce qui peut être réalisé en termes de chauffage abordable et faiblement émetteur de CO2 :
Utiliser la chaleur résiduelle de la Tamise et du métro londonien pour alimenter des lieux emblématiques comme le Parlement et la National Gallery est un exemple prometteur de ce qui peut être fait en terme de chauffage à faible coût et à faible émission de carbone.
Miatta Fahnbulleh, sous-secrétaire d’État à l’énergie
75 000 tonnes de CO2 économisées chaque année
Une fois pleinement déployé, le réseau Swan devrait permettre d’économiser pas moins de 75 000 tonnes de dioxyde de carbone par an, tout en valorisant une chaleur jusque-là gaspillée. Car il faut savoir que la température frôle régulièrement la barre des 30°C dans le métro londonien, voire la dépasse en été, un inconfort notoire pour les usagers, mais une aubaine en termes d’énergie récupérable.
Un milliard de livres d’investissement d’ici 2050
Pour concrétiser cette vision ambitieuse, une coentreprise formée par les compagnies d’énergie Hemiko et Vital Energi a été mandatée. Au total, ce sont 1 milliard de livres sterling (soit environ 1,2 milliard d’euros) qui devraient être investis dans Swan d’ici 2050. Un budget conséquent, mais qui devrait générer pas moins de 500 emplois, tout en faisant baisser la facture pour les utilisateurs de cette énergie vertueuse, généralement 40% moins chère que celle des pompes à chaleur classiques.
Vers la neutralité carbone en 2050
Avec Swan, Londres franchit donc un pas de géant dans sa quête de durabilité. Ce projet innovant s’inscrit pleinement dans l’objectif du Royaume-Uni de décarboner totalement son électricité d’ici 2030, puis d’atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050. Une nécessité pour lutter contre le réchauffement climatique, comme l’a encore rappelé Miatta Fahnbulleh :
Ce projet va réduire la pollution de l’air à Westminster et renforcer la sécurité énergétique du pays.
Miatta Fahnbulleh, sous-secrétaire d’État à l’énergie
Nul doute que beaucoup d’autres villes, au Royaume-Uni comme ailleurs, suivront avec intérêt l’évolution de ce chantier précurseur. Car si le défi de la transition énergétique est immense, des initiatives locales et concrètes comme Swan prouvent qu’il est possible d’avancer dans la bonne direction, en exploitant des ressources jusque-là ignorées. Un bel exemple à suivre pour construire les villes bas carbone de demain.