Imaginez si la chaleur générée par les milliers de passagers du métro londonien, au lieu d’être gaspillée, était récupérée pour chauffer certains des bâtiments les plus emblématiques de la capitale britannique. C’est précisément l’objectif d’un ambitieux projet baptisé South Westminster Area Network (Swan) qui vient d’être dévoilé.
Un réseau de chaleur alimenté par le métro et les égouts
Le principe est simple : capter l’excédent de chaleur provenant non seulement du métro, où la température dépasse parfois les 30°C, mais aussi des égouts et même de la Tamise. Cette énergie thermique sera ensuite redistribuée via un réseau souterrain de tuyaux vers des centaines de bâtiments historiques et institutions du quartier de Westminster.
Parmi les lieux prestigieux qui pourraient bénéficier de ce chauffage écologique, on compte notamment le Palais de Westminster qui abrite le Parlement britannique, Downing Street, résidence officielle du Premier ministre, mais aussi des musées comme la National Gallery ou la Tate Britain. La célèbre abbaye de Westminster et la gare Victoria seraient également sur le tracé.
75 000 tonnes de CO2 économisées chaque année
Selon les estimations, ce réseau de chaleur nouvelle génération permettrait d’économiser 75 000 tonnes de CO2 par an une fois pleinement déployé. Il s’agirait ainsi de l’un des plus grands projets du genre au Royaume-Uni, contribuant aux objectifs ambitieux du pays en matière de neutralité carbone.
“Utiliser la chaleur résiduelle de la Tamise et du métro londonien pour alimenter des lieux emblématiques comme le Parlement est un exemple prometteur de ce qui peut être fait en termes de chauffage à faible coût et à faible émission de carbone.”
– Miatta Fahnbulleh, sous-secrétaire d’État à l’Énergie
Un investissement d’un milliard de livres
Le projet Swan, initié par le gouvernement et le conseil municipal de Westminster, représente un investissement colossal d’un milliard de livres (environ 1,2 milliard d’euros) d’ici 2050. Sa mise en œuvre sera confiée à une coentreprise formée par les sociétés énergétiques Hemiko et Vital Energi.
Outre les bénéfices environnementaux, ce réseau de chaleur devrait générer 500 emplois et faire baisser la facture des utilisateurs. En effet, l’énergie bas carbone est généralement 40% moins chère que celle produite par les pompes à chaleur classiques.
Vers une décarbonation totale de l’électricité
Ce projet novateur s’inscrit dans l’objectif du Royaume-Uni d’atteindre une électricité totalement décarbonée d’ici 2030, avant de viser la neutralité carbone en 2050. Il contribuera également à réduire la pollution de l’air dans le centre de Londres et à renforcer l’indépendance énergétique du pays.
Reste à savoir si cette initiative fera des émules dans d’autres grandes villes possédant un réseau de métro étendu. Paris, New York ou Tokyo pourraient-elles un jour chauffer leurs bâtiments grâce à la chaleur de leurs passagers ? L’avenir nous le dira, mais une chose est sûre : l’écologie urbaine a encore de beaux jours devant elle !