En pleine tempête politique, le chancelier allemand Olaf Scholz joue gros. Son entretien téléphonique avec Vladimir Poutine, le premier en près de deux ans, a suscité une vive polémique. Mais loin de se dédire, Scholz persiste et signe. Il défend ce geste controversé, y voyant une nécessité pour réaffirmer le soutien indéfectible de l’Allemagne à l’Ukraine. Un pari osé à l’approche d’élections anticipées qui s’annoncent périlleuses pour son camp.
Scholz et Poutine : L’Appel qui Divise
Vendredi dernier, la nouvelle a fait l’effet d’une bombe. Olaf Scholz s’est entretenu pendant une heure avec Vladimir Poutine, rompant près de deux années de silence radio entre les deux dirigeants. Une initiative loin de faire l’unanimité. À Kiev, le président Volodymyr Zelensky ne décolère pas, accusant Scholz d’ouvrir une “boîte de Pandore”. En Pologne, le Premier ministre s’interroge sur l’efficacité de cette “diplomatie par téléphone”.
Mais le chancelier ne se démonte pas. Lors de son départ pour le sommet du G20 au Brésil, il a martelé son message : ce coup de fil était indispensable pour rappeler à Poutine que le soutien occidental à l’Ukraine ne faiblira pas. Une mise au point d’autant plus cruciale à ses yeux que Donald Trump, s’il revient à la Maison Blanche, pourrait rouvrir le dialogue avec Moscou sans y associer les Européens.
Scholz, “Chancelier de la Paix” ?
Pour ses détracteurs, cet appel à Poutine n’est qu’une manœuvre électorale. Olaf Scholz, déjà fragilisé par la perte de sa majorité au Bundestag, chercherait à se présenter en “chancelier de la paix”. Un positionnement séduisant dans une opinion allemande de plus en plus inquiète face à l’enlisement du conflit ukrainien et au coût de l’effort de guerre.
Certains y voient un calcul maladroit. En donnant l’impression de tendre la main à Poutine, le chancelier prêterait le flanc à l’extrême droite (AfD) et à une nouvelle formation de gauche radicale (BSW), qui réclament l’arrêt des livraisons d’armes à Kiev. Deux partis dont la percée spectaculaire lors de scrutins régionaux menace directement les sociaux-démocrates.
Une Partie de Poker Menteur ?
Sur le fond, cet échange entre Scholz et Poutine n’a rien donné de concret, chacun campant sur ses positions. Mais dans le contexte électoral allemand, l’essentiel était peut-être ailleurs. En jouant les “faiseurs de paix”, le chancelier cherche à couper l’herbe sous le pied de ses adversaires les plus radicaux. Quitte à irriter ses alliés européens et ukrainiens. Un pari à haut risque.
Le SPD et moi-même sommes prêts à nous engager dans cette bataille – d’ailleurs avec l’objectif de gagner.
Olaf Scholz, chancelier allemand
L’avenir dira si Olaf Scholz a visé juste avec ce coup politique audacieux. Une chose est sûre : dans une Europe sous tension, où les équilibres géopolitiques se redessinent à vitesse grand V, le moindre faux pas peut avoir des conséquences dramatiques. En tentant de rejouer le rôle du “chancelier de la paix”, Scholz prend le risque de lâcher la proie pour l’ombre. Et de fragiliser un peu plus une Union européenne déjà profondément divisée sur la question ukrainienne.