C’est un séisme politique qui a secoué l’Assemblée nationale mercredi soir. En votant comme un seul homme la motion de censure déposée par le Nouveau Front populaire (NFP) contre le gouvernement de Michel Barnier, les 121 députés du Rassemblement national (RN) ont pris tout le monde de court. Un choix stratégique fort qui n’est pas sans risque pour Marine Le Pen et son parti.
La base électorale du RN « tombe des nues »
Dès l’annonce du résultat du vote, de nombreux sympathisants et électeurs du RN ont exprimé leur incompréhension et leur colère. Jonathan R., électeur RN des Bouches-du-Rhône, confie être « tombé des nues » : « Autour de moi, personne n’a compris pourquoi le RN a fait tomber le gouvernement. Le parti a perdu toute crédibilité hier soir. »
Un sentiment partagé par une large partie de la base électorale historique du mouvement. Selon un sondage express mené par un institut proche du parti, seuls 28% des électeurs RN approuvent le choix de leurs députés. La décision est encore plus critiquée chez les sympathisants les plus récents, séduits par la nouvelle image de respectabilité et de crédibilité que Marine Le Pen s’efforce de donner à son parti depuis plusieurs années.
L’inquiétude des nouveaux sympathisants RN
Pour Jérôme B., cadre parisien qui a voté pour la première fois RN aux dernières législatives, « le parti est en train de dilapider tout le capital de crédibilité accumulé ces dernières années. On revient aux vieilles pratiques de l’opposition systématique, ça n’a aucun sens. » Cette inquiétude est largement partagée par les nouveaux venus au RN, attirés par un discours qu’ils jugeaient plus constructif et responsable.
Marine Le Pen joue un jeu dangereux. À force de souffler le chaud et le froid, elle prend le risque de perdre sur tous les tableaux.
– Un proche de la direction du RN
Le pari risqué d’une opposition frontale
Pour de nombreux observateurs, Marine Le Pen joue gros avec cette censure. En choisissant la voie d’une opposition frontale et systématique, quitte à s’allier de fait avec la gauche radicale de LFI, elle prend le risque de brouiller son message et de décevoir une partie de son électorat qui aspire à une attitude plus responsable.
Le pari est d’autant plus risqué que les bénéfices politiques pour le RN semblent bien maigres. En dehors d’une satisfaction symbolique de faire tomber le gouvernement, le parti n’a pas vraiment de perspective claire et peine à apparaître comme une alternative crédible. La tentation du « dégagisme » pourrait se retourner contre ses auteurs.
Entre contestation et crédibilité, le grand écart du RN
Cette séquence illustre une nouvelle fois toute la difficulté pour Marine Le Pen de concilier la radicalité consubstantielle au RN avec sa volonté de normalisation et de crédibilisation. En choisissant de jouer la carte de la censure et du blocage, au risque de déstabiliser un peu plus le pays, elle donne des gages à sa base la plus contestataire. Mais dans le même temps, elle déçoit cruellement tous ceux, de plus en plus nombreux, qui aspirent à un RN plus responsable et constructif.
Un grand écart de plus en plus périlleux, qui pourrait coûter cher à Marine Le Pen et remettre en cause sa stratégie de dédiabolisation et de normalisation engagée depuis plusieurs années. Entre la tentation du retour aux fondamentaux de la contestation frontale, et la nécessité de gagner en crédibilité pour conquérir le pouvoir, le chemin est décidément bien étroit pour le RN et sa cheffe. L’épisode de la censure du gouvernement Barnier pourrait être un tournant.
Le pari est d’autant plus risqué que les bénéfices politiques pour le RN semblent bien maigres. En dehors d’une satisfaction symbolique de faire tomber le gouvernement, le parti n’a pas vraiment de perspective claire et peine à apparaître comme une alternative crédible. La tentation du « dégagisme » pourrait se retourner contre ses auteurs.
Entre contestation et crédibilité, le grand écart du RN
Cette séquence illustre une nouvelle fois toute la difficulté pour Marine Le Pen de concilier la radicalité consubstantielle au RN avec sa volonté de normalisation et de crédibilisation. En choisissant de jouer la carte de la censure et du blocage, au risque de déstabiliser un peu plus le pays, elle donne des gages à sa base la plus contestataire. Mais dans le même temps, elle déçoit cruellement tous ceux, de plus en plus nombreux, qui aspirent à un RN plus responsable et constructif.
Un grand écart de plus en plus périlleux, qui pourrait coûter cher à Marine Le Pen et remettre en cause sa stratégie de dédiabolisation et de normalisation engagée depuis plusieurs années. Entre la tentation du retour aux fondamentaux de la contestation frontale, et la nécessité de gagner en crédibilité pour conquérir le pouvoir, le chemin est décidément bien étroit pour le RN et sa cheffe. L’épisode de la censure du gouvernement Barnier pourrait être un tournant.