C’est un sacré pari qu’a décidé de relever le Montpellier Hérault Rugby. Après une saison chaotique marquée par une pénible 13e place en Top 14, le président Mohed Altrad a choisi de faire table rase du passé. Exit le trio d’entraîneurs composé de Patrice Collazo, Vincent Etcheto et Christian Labit, place à la jeunesse avec un nouveau staff technique totalement inexpérimenté au plus haut niveau.
Le MHR mise sur ses anciens joueurs
Pour prendre les commandes, le club héraultais a décidé de faire confiance à trois de ses anciens joueurs. Joan Caudullo (42 ans), entraîneur du centre de formation depuis 2020, Benoît Paillaugue (36 ans), qui était encore sur les terrains il y a quelques mois, et Geoffrey Doumayrou (34 ans), fraîchement retraité. Un trio qui incarne l’esprit maison mais qui n’a jamais occupé de telles fonctions en Top 14.
Un choix audacieux de la part de Mohed Altrad, habitué à s’entourer de techniciens chevronnés comme Fabien Galthié, Jake White, Vern Cotter ou encore Philippe Saint-André. Des coachs qui ont permis au MHR de se hisser à deux reprises en finale du Top 14 (2011, 2018), de remporter deux Challenge Cup (2016, 2021) et surtout de décrocher le premier bouclier de Brennus de son histoire en 2022.
Paillaugue, de joueur à entraîneur
La trajectoire de Benoît Paillaugue est assez symptomatique de ce virage jeunesse opéré par Montpellier. Il y a encore quelques mois, le demi de mêlée de poche était sur le pré, terminant sa carrière par une pige en tant que joker Coupe du monde. Depuis, il a pris en charge les Espoirs du club avant de se rapprocher du groupe professionnel pour préparer le barrage face à Grenoble. Le voilà propulsé entraîneur de l’équipe première, un sacré défi.
Caudullo, l’homme de la formation
Joan Caudullo, lui, connaît bien la maison puisqu’il y a évolué comme talonneur entre 2004 et 2012. Passé par le centre de formation de Mont-de-Marsan, il a pris les rênes de celui de Montpellier en 2020. La saison passée, il avait déjà travaillé avec les pros, prenant en charge les avants pendant huit mois après le départ d’Olivier Azam. Mais le défi sera tout autre en tant qu’entraîneur principal.
Doumayrou, tout juste retraité
Quant à Geoffrey Doumayrou, il vient à peine de raccrocher les crampons, disputant son dernier match avec le MHR lors du barrage perdu contre Grenoble. L’ancien centre international aux 13 sélections franchit directement le pas vers le coaching, un virage aussi soudain qu’inattendu.
Un pari risqué
Si ce trio incarne l’état d’esprit du club, leur manque d’expérience au plus haut niveau constitue un sacré pari. Surtout dans un contexte délicat, où il s’agira de remotiver un groupe marqué par une saison difficile et de lui insuffler un nouveau souffle. Montpellier a certes réalisé un recrutement intéressant, avec notamment les arrivées de Billy Vunipola, Madosh Tambwe et peut-être Stuart Hogg, mais la mayonnaise devra vite prendre.
D’autant que l’extra-sportif risque encore de polluer la saison du MHR, avec en ligne de mire le procès en appel de Bernard Laporte et Mohed Altrad dans l’affaire des soupçons de favoritisme. De quoi rajouter un peu plus de pression sur les épaules de ce jeune staff qui devra faire face à de sacrés défis. Le pari est osé, reste à voir s’il sera gagnant. Le MHR joue gros avec ce virage à 180 degrés.