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Le Pape Léon XIV Appelle à Moins Craindre l’Islam

À bord de l’avion qui le ramenait du Liban, le pape Léon XIV a lancé un appel inattendu : « Nous devrions être un peu moins craintifs » face à l’islam. Pourquoi ce message dérange-t-il autant certains catholiques ? La réponse risque de vous surprendre…

Et si la plus grande menace pour l’Occident chrétien n’était pas l’islam, mais notre propre peur ? C’est, en substance, le message que le pape Léon XIV a délivré mardi, dans l’avion qui le ramenait de Beyrouth à Rome. Un message qui tombe au moment précis où les tensions autour de l’immigration musulmane atteignent des sommets en Europe.

Un appel au calme qui fait déjà débat

Devant les journalistes, le souverain pontife n’a pas mâché ses mots. Oui, il reconnaît l’existence de peurs réelles chez de nombreux catholiques. Oui, il comprend que certains voient dans l’arrivée de migrants musulmans une menace pour l’identité chrétienne de l’Occident. Mais il refuse de laisser ces craintes dicter l’avenir.

Son remède ? Regarder du côté du Liban. Ce petit pays du Proche-Orient, où chrétiens et musulmans cohabitent depuis des décennies, parfois dans la douleur, mais souvent dans le respect mutuel. Pour Léon XIV, le Liban est une leçon vivante que l’Europe devrait méditer.

Le Liban, laboratoire du vivre-ensemble

Pendant trois jours, le pape américain a sillonné Beyrouth et les régions chrétiennes du pays. Il a rencontré des familles maronites, grecques-orthodoxes, arméniennes, mais aussi des chiites et des sunnites. Partout, le même message : ici, on prie différemment, mais on vit ensemble.

« J’ai vu des voisins musulmans apporter à manger à des familles chrétiennes pendant le carême », a-t-il raconté aux journalistes. « J’ai vu des églises et des mosquées à cinquante mètres les unes des autres, sans grillage ni peur. »

« Le Liban montre qu’il est possible d’être amis »

Pape Léon XIV, conférence de presse aérienne

Cette réalité, il veut la transposer en Europe. Pas par naïveté, mais par conviction profonde : le dialogue et l’amitié sont les seuls remparts durables contre la haine.

Des peurs alimentées par la politique

Le pape n’a pas hésité à pointer du doigt ceux qui, selon lui, attisent ces peurs. Sans nommer de parti précis, il a dénoncé les discours qui « cherchent à exclure ceux qui viennent d’un autre pays, d’une autre religion ou d’une autre origine ethnique ».

En France, le timing est particulièrement parlant. Quelques jours avant cette déclaration, un rapport sénatorial proposait d’interdire le voile intégral et le jeûne du ramadan avant seize ans dans les établissements scolaires. Les instances musulmanes ont immédiatement crié à l’islamophobie d’État.

Dans ce contexte, les paroles de Léon XIV tombent comme un pavé dans la mare. Elles rappellent que l’Église catholique, même dans ses franges les plus conservatrices, se doit de tendre la main plutôt que de dresser des murs.

Un pape américain face au vieux continent

Il y a quelque chose de profondément américain dans cette approche. Né aux États-Unis, ayant passé vingt ans comme missionnaire augustin au Pérou, Léon XIV porte en lui l’expérience du melting-pot. Il sait ce que signifie vivre entouré de cultures et de religions différentes.

Ce n’est d’ailleurs pas la première fois qu’il critique la montée du nationalisme, y compris dans son pays natal. Il avait déjà dénoncé le « traitement inhumain » réservé aux migrants sous la présidence Trump. Aujourd’hui, il étend cette critique à l’Europe entière.

Pour lui, fermer les frontières ou stigmatiser une religion entière n’est pas seulement inefficace : c’est contraire à l’Évangile même.

Et les catholiques identitaires dans tout ça ?

C’est peut-être la partie la plus délicate. Une partie non négligeable des catholiques européens, notamment dans les milieux traditionalistes, estime que défendre les « racines chrétiennes » passe nécessairement par une fermeté face à l’islam.

Ces dernières années, des intellectuels, des prêtres, des associations ont multiplié les alertes : « grand remplacement », « islamisation », « perte d’identité ». Des termes qui résonnent jusqu’au cœur de certaines paroisses.

En appelant à « être moins craintifs », Léon XIV prend le risque de se mettre à dos cette frange de son propre troupeau. Mais il assume. Car pour lui, la peur n’a jamais converti personne.

Vers un nouveau paradigme ?

Ce discours s’inscrit dans la continuité de ses prédécesseurs, mais avec une tonalité plus directe, presque fraternelle. François parlait de « ponts plutôt que de murs ». Léon XIV, lui, parle d’amitié. Un mot simple, presque désarmant.

Il ne s’agit pas de nier les difficultés : attentats, revendications communautaristes, tensions autour du voile ou de la laïcité. Mais de refuser que ces difficultés deviennent des prétextes à la fermeture.

« Travailler ensemble », « promouvoir un dialogue authentique », « chercher le respect » : ces expressions reviennent comme un leitmotiv. Elles dessinent les contours d’une Église qui refuse de se replier sur elle-même.

Et si, finalement, le plus grand défi du catholicisme européen n’était pas de sauver ses églises vides, mais d’ouvrir ses cœurs ?

La question est posée. Elle ne trouvera pas de réponse immédiate. Mais une chose est sûre : avec Léon XIV, le débat sur l’islam en Occident vient de prendre une tournure radicalement nouvelle. Moins de peur, plus d’amitié. Un pari osé. Un pari évangélique.

À retenir : Le pape ne demande pas aux catholiques d’abandonner leur foi ou leurs valeurs. Il leur demande simplement de ne pas laisser la peur écrire l’histoire à leur place.

Le voyage au Liban n’était qu’une étape. Le vrai voyage, celui qui commence maintenant, se joue dans les esprits et dans les cœurs de millions de chrétiens à travers l’Europe. Resteront-ils sourds à cet appel ? Ou choisiront-ils, enfin, la voie de l’amitié ? L’avenir le dira.

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