Le conflit israélo-palestinien continue de faire des victimes innocentes et de susciter l’indignation internationale. Parmi les voix qui s’élèvent pour condamner la violence, celle du Pape François résonne avec force. Pour la deuxième fois en deux jours, le souverain pontife a dénoncé sans détour la « cruauté » des frappes israéliennes sur la bande de Gaza, malgré les vives protestations de la diplomatie israélienne.
Le Pape François persiste dans sa condamnation
Dimanche, à l’issue de la prière de l’Angélus, le Pape François a réitéré ses propos de la veille, exprimant sa profonde affliction face à la situation à Gaza. « C’est avec douleur que je pense à Gaza, à tant de cruauté, aux enfants mitraillés, aux bombardements d’écoles et d’hôpitaux. Combien de cruauté », a-t-il martelé avec émotion.
Déjà samedi, le Saint-Père s’était ému de la mort de sept enfants d’une même famille, tués lors des raids aériens israéliens. Il avait alors qualifié ces actes de « cruauté » et non de « guerre », soulignant à quel point cette tragédie le touchait « au cœur ».
Israël réagit vivement aux propos du Pape
Sans surprise, les déclarations du Pape François ont suscité l’ire du gouvernement israélien. Le ministère des Affaires étrangères a jugé ces remarques « particulièrement décevantes » et « déconnectées du contexte réel et factuel de la lutte d’Israël contre le terrorisme jihadiste ».
« Lors de critiques, elles devraient être uniquement adressées aux terroristes, pas à la démocratie qui se défend face à eux. Il faut en finir avec le deux poids, deux mesures, et la mise à l’index de l’Etat hébreu et de son peuple. »
– Ministère israélien des Affaires étrangères
La diplomatie israélienne a également souligné que « la cruauté, ce sont les terroristes qui se cachent derrière des enfants tout en essayant d’assassiner des enfants israéliens » ainsi que ceux qui « gardent 100 personnes en otage pendant 442 jours, dont un bébé et des enfants, et les maltraitent ».
Un changement de ton du Vatican ?
Les récentes prises de position du Pape François semblent indiquer un infléchissement dans le discours du Vatican, abandonnant une certaine neutralité politique au profit d’une condamnation plus franche des actions d’Israël. Fin novembre, il avait ainsi dénoncé « l’arrogance de l’envahisseur » non seulement en Ukraine mais aussi en « Palestine ».
Dans un livre paru quelques jours plus tard, le souverain pontife invitait même à « étudier attentivement » si la situation à Gaza « correspond à la définition technique » de génocide, une accusation catégoriquement rejetée par l’État hébreu. Fin septembre déjà, François avait critiqué un usage « immoral » de la force au Liban et à Gaza.
Un lourd bilan humain des deux côtés
Le dernier cycle de violence à Gaza, déclenché par une attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, a fait de très nombreuses victimes civiles dans les deux camps. Selon des sources officielles israéliennes, 1208 personnes ont perdu la vie côté israélien, dont 251 ont été enlevées le jour de l’attaque. Parmi elles, 96 sont toujours retenues en otages à Gaza, et 34 ont été déclarées mortes par l’armée.
Mais c’est surtout la population palestinienne qui paie le plus lourd tribu. D’après le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, jugé fiable par l’ONU, plus de 45 000 Palestiniens, en majorité des civils, ont été tués dans la campagne de représailles menée par Israël.
Un appel à la retenue et au dialogue
Face à l’escalade de la violence et à la souffrance indicible des populations, les appels à la désescalade et à la reprise du dialogue se multiplient au sein de la communauté internationale. Le secrétaire général de l’ONU António Guterres a exhorté Israël et les Palestiniens à « sortir du cycle infernal de la guerre et à s’engager pleinement dans la recherche d’une paix juste et durable sur la base du droit international. »
De son côté, le Pape François ne cesse d’implorer « le Dieu de la paix afin qu’il inspire tous les peuples de bonne volonté à chercher des solutions pacifiques, pour que la douleur des peuples et des enfants ne soit plus ignorée, mais entendue. » Un message d’espoir dans un Proche-Orient toujours en proie aux déchirements et à la violence.