C’est une condamnation rare par sa fermeté de la part du Pape François. Samedi, le souverain pontife a dénoncé la « cruauté » d’une frappe aérienne israélienne sur la bande de Gaza, qui a coûté la vie à sept enfants d’une même famille palestinienne. Une prise de position tranchée dans ce conflit qui ne cesse de s’envenimer.
« Hier, des enfants ont été bombardés. C’est de la cruauté, ce n’est pas la guerre. Je tiens à le dire parce que cela me touche au cœur », a déclaré le Pape devant des membres du gouvernement du Saint-Siège. Des propos qui tranchent avec la tradition de neutralité du Vatican, signe de l’indignation profonde suscitée par ce drame.
Un « massacre » dénoncé par la Défense civile de Gaza
D’après le porte-parole de la Défense civile de Gaza, Mahmoud Bassal, la frappe israélienne sur une maison de la famille Khalla à Jabalia, près de la ville de Gaza, est un véritable « massacre ». Le bilan est terrible : dix morts dont sept enfants, le plus âgé ayant à peine six ans, et quinze blessés.
L’armée israélienne, contactée par une source proche du dossier, conteste ce bilan et affirme avoir visé « plusieurs terroristes qui opéraient dans une structure militaire du Hamas et représentaient une menace ». Une version difficilement vérifiable de manière indépendante, qui ne justifie en rien la mort de tant de civils innocents.
Le Pape durcit le ton face à l’offensive israélienne
Depuis le début de l’opération militaire israélienne à Gaza, déclenchée en représailles à une attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre 2023, le Pape François n’a cessé d’appeler à la paix. Mais ces dernières semaines, le ton s’est durci du côté du Saint-Siège face à l’ampleur des pertes civiles palestiniennes.
Fin novembre, le souverain pontife avait ainsi dénoncé « l’arrogance de l’envahisseur qui l’emporte sur le dialogue », une référence à peine voilée à l’attitude d’Israël. Une position inhabituelle pour le Vatican, traditionnellement soucieux de maintenir de bonnes relations avec l’État hébreu.
Vers une reconnaissance d’un génocide à Gaza ?
Plus récemment, dans des extraits d’un livre à paraître, le Pape est même allé jusqu’à suggérer qu’une étude « minutieuse » devrait être menée pour déterminer si la situation à Gaza « correspond à la définition technique du génocide ». Une accusation extrêmement grave, immédiatement balayée par les autorités israéliennes.
Il faut dire que le bilan humain de cette nouvelle guerre est terrifiant. Selon un décompte basé sur des données officielles israéliennes et compilé par une agence de presse internationale, 1208 Israéliens ont été tués depuis octobre 2023, en majorité des civils. Mais c’est à Gaza que la situation est la plus catastrophique, avec plus de 45000 Palestiniens tués d’après le ministère de la Santé local, des chiffres jugés fiables par l’ONU. Des pertes civiles massives qui soulèvent la question de la proportionnalité et de la légalité de l’offensive israélienne.
Le Saint-Siège maintient son soutien à une solution à deux États
Malgré la dureté de ses propos, le Vatican continue officiellement de soutenir la solution dite à deux États, c’est-à-dire la coexistence d’Israël et d’un État palestinien. Le Saint-Siège a d’ailleurs reconnu l’État de Palestine dès 2013 et entretient des relations diplomatiques avec ses représentants.
Mais en coulisses, la crédibilité de cette option semble s’effriter face à la colonisation israélienne qui morcelle les Territoires palestiniens. Certains observateurs estiment que le Vatican pourrait être tenté, à terme, de reconnaître un État unique et binational, une perspective qu’Israël rejette catégoriquement.
En attendant, le Pape François poursuit son plaidoyer pour la paix, exhortant la communauté internationale à tout faire pour arrêter cette spirale meurtrière. Mais ses appels semblent pour l’instant se perdre dans le fracas des bombes qui continuent de s’abattre sur Gaza, faisant chaque jour de nouvelles victimes innocentes. Une tragédie sans fin qui soulève l’indignation et l’émotion bien au-delà du Moyen-Orient.