Alors que Donald Trump s’apprête à prendre les rênes des États-Unis, le président panaméen José Raul Mulino l’exhorte à ne pas couper les vivres au programme de rapatriement des migrants transitant par la redoutable jungle du Darien. Une requête formulée dans un contexte de menaces d’expulsions massives brandies par le futur locataire de la Maison Blanche.
Un protocole d’accord en jeu
Lors d’une récente conférence de presse, Mulino a plaidé pour le maintien de l’accord signé en juillet dernier avec l’administration Biden. Accord qui prévoit une enveloppe de 6 millions de dollars dédiée au rapatriement des migrants interceptés lors de leur périple à travers le Darien, zone frontalière inhospitalière entre Colombie et Panama.
À ce jour, ce financement a permis le retour au pays de plus d’un millier de personnes via une trentaine de vols charters à destination notamment de la Colombie, l’Équateur et l’Inde. Le sort des ressortissants vénézuéliens, majoritaires parmi les 500 000 voyageurs ayant emprunté ce dangereux corridor en 2023, reste en suspens. Les avions panaméens n’étant plus les bienvenus dans l’espace aérien du Venezuela depuis la réélection contestée de Nicolas Maduro.
Le Darien, un enjeu incontournable
Si aucun échange officiel n’a encore eu lieu avec l’équipe du président nouvellement élu, Mulino souligne l’impossibilité pour Washington « d’éluder » la question migratoire du Darien. Un défi de taille alors que Trump a ouvertement affiché sa volonté de renvoyer sans ménagement les sans-papiers du territoire américain.
Une baisse des flux attribuée à l’aide américaine
Depuis janvier, on dénombre près de 300 000 personnes ayant traversé cet enfer vert, contre 500 000 en 2023. En novembre, les autorités panaméennes recensaient quelque 11 000 « aventuriers », soit une chute de 50% par rapport au mois précédent. Une diminution que le gouvernement attribue au soutien financier des États-Unis, couplé au verrouillage de certains sentiers et à un renforcement des contrôles.
Les migrants qui s’engagent dans la jungle du Darien risquent leur vie, avec les bandes criminelles qui y opèrent.
Une source proche des autorités panaméennes
Une coopération essentielle pour endiguer les flux
Face à l’ampleur du phénomène, le Panama mise plus que jamais sur l’appui de son puissant voisin du nord. Une collaboration jugée indispensable pour contenir cette vague migratoire et offrir une alternative sûre à ces populations fuyant pauvreté et violence. Le devenir de cette coopération s’annonce comme l’un des dossiers brûlants qui attendent l’administration Trump.
À l’heure où le nouvel exécutif américain s’apprête à durcir le ton sur l’immigration, le Panama espère préserver ce fragile partenariat. Un véritable test pour les relations entre les deux pays. Les prochains mois diront si Donald Trump se montrera sensible à cet appel au maintien d’une aide cruciale pour les migrants du Darien et la stabilité de la région.
Les clés pour comprendre les enjeux
- Le Darien, une jungle dangereuse entre Colombie et Panama
- 500 000 migrants ont emprunté cette route en 2023
- Les États-Unis financent le rapatriement des migrants via le Panama
- Trump a menacé d’expulser massivement les sans-papiers
- Le Panama appelle à poursuivre l’aide malgré le changement d’administration
La question des migrants du Darien sera assurément l’un des dossiers sensibles dans les relations entre le Panama et les États-Unis. L’issue de ce bras de fer diplomatique impactera le sort de milliers de personnes tentant de fuir l’enfer de la jungle pour une vie meilleure.
