Qui sont les meilleures et les pires compagnies ferroviaires en Europe ? C’est la question à laquelle a tenté de répondre une étude publiée récemment par l’ONG Transport and Environment (T&E). En analysant 27 opérateurs selon différents critères comme le prix, la fiabilité ou l’expérience voyageur, ce rapport dresse un palmarès étonnant et instructif sur la qualité du rail à travers le continent.
Trenitalia sur le podium, Eurostar à la traîne
La palme de la meilleure compagnie revient à l’italienne Trenitalia. Selon T&E, elle offre l’un des meilleurs rapports qualité-prix en Europe et se distingue dans quasiment tous les domaines, à l’exception notable des aménagements pour les vélos. La suisse SBB et la tchèque RegioJet complètent le trio de tête.
À l’autre bout du classement, c’est la très prestigieuse Eurostar qui ferme la marche. Malgré des prix deux fois plus élevés que la moyenne, la liaison transmanche souffre d’un manque de fiabilité rédhibitoire selon l’étude. Un constat d’autant plus cinglant qu’Eurostar est détenue à 55% par la SNCF.
La SNCF, un bon élève perfectible
Justement, quelle est la position de l’opérateur historique français dans ce palmarès ? La SNCF se classe à une honorable 5ème place, sauvée par une très bonne expérience voyageur, une politique de remboursement avantageuse et son offre de trains de nuit. Mais des progrès restent à faire sur les tarifs élevés, la fiabilité perfectible et surtout la prise en charge des vélos, jugée très insuffisante.
La SNCF propose un bon rapport qualité-prix en Europe. Mais il y a encore des problèmes de fiabilité, d’annulations et de retards. La politique vélo n’est pas du tout avantageuse.
Victor Thévenet, coordinateur ferroviaire chez T&E
Ouigo et Eurostar, les mauvais points du groupe SNCF
Ironie du sort, c’est la filiale low-cost de la SNCF, Ouigo, qui plombe le plus les performances du groupe. Très bien notée sur les prix, elle pèche par une fiabilité médiocre et une absence de tarifs réduits qui la relègue à une décevante 25ème place. Sans parler d’Eurostar, le vilain petit canard déjà évoqué.
Au-delà du classement, les disparités du rail européen
Mais l’étude de T&E va plus loin qu’un simple hit-parade. Elle met en lumière les forces et faiblesses des différents réseaux ferroviaires nationaux. Globalement, les pays germaniques et nordiques tirent leur épingle du jeu grâce à des politiques volontaristes en faveur du train. A contrario, les compagnies d’Europe du Sud et de l’Est restent pénalisées par un sous-investissement chronique.
Vers une harmonisation des bonnes pratiques ?
Au-delà du simple constat, T&E espère que son étude servira de base de comparaison pour permettre aux compagnies de s’inspirer des bonnes pratiques et progresser. L’ONG plaide aussi pour une harmonisation par le haut des règles du jeu ferroviaire en Europe. L’objectif : des trains plus performants, plus accessibles et plus écologiques d’un bout à l’autre du continent.
Nous souhaitons inciter les États à mettre en place des régulations plus favorables au train.
Victor Thévenet, T&E
Les principaux enseignements de l’étude
- La compagnie italienne Trenitalia arrive en tête du classement général, suivie des suisses de SBB et des tchèques de RegioJet.
- La SNCF obtient une 5ème place, avec des points forts (expérience voyageur, politique de remboursement, trains de nuit) mais aussi des points faibles (tarifs élevés, fiabilité, accueil des vélos).
- Eurostar ferme la marche, avec un service low-cost mais peu fiable malgré des prix très élevés.
- Les pays d’Europe du Nord et de l’Ouest ont globalement un meilleur réseau ferroviaire que ceux du Sud et de l’Est.
- L’étude vise à ériger des comparaisons et des bonnes pratiques pour faire progresser le rail européen.
Une chose est sûre : pour séduire davantage de voyageurs et tenir ses promesses écologiques, le train en Europe a encore du chemin à faire. Mais des initiatives comme celles de T&E démontrent qu’une autre voie est possible. Prochaine étape : le billet unique pour voyager d’un pays à l’autre ?