Selon des résultats partiels diffusés ce vendredi, le NPP (Nouveau Front populaire) mené par le président Anura Kumara Dissanayake est en passe de remporter une victoire écrasante aux élections législatives au Sri Lanka. Le parti de gauche, qui ne disposait que de 3 sièges dans le précédent parlement, domine actuellement le scrutin avec 63% des suffrages comptabilisés.
Cette large victoire était espérée par le camp présidentiel pour pouvoir mener à bien les réformes nécessaires dans ce pays d’Asie du Sud confronté à une grave crise économique. Anura Kumara Dissanayake, 55 ans, ancien marxiste converti à l’économie de marché, avait été élu en septembre dernier à la tête du Sri Lanka, promettant de réduire les taxes et d’éradiquer la corruption.
Un “tournant” pour le Sri Lanka
Le NPP est en tête dans la quasi-totalité des circonscriptions électorales du pays. Son leader, Anura Kumara Dissanayake, a déclaré que cette élection était “cruciale” et marquerait “un tournant pour le pays”. Il attend de ce scrutin “un mandat clair et une forte majorité au Parlement” pour pouvoir gouverner.
Malgré quelques incidents mineurs, le vote anticipé s’est globalement déroulé dans le calme, sous la surveillance de plus de 80 000 policiers déployés dans le pays. De nombreux électeurs ont exprimé leur souhait d’un “nouveau Sri Lanka” et leur soutien à la “nouvelle génération de dirigeants”.
Une opposition “morte” face au raz-de-marée NPP
Face à la vague rose, l’opposition apparaît complètement désunie et affaiblie. Pour l’analyste politique Kusal Perera, le résultat ne fait aucun doute : “L’opposition est morte. Le NPP formera le prochain gouvernement, c’est une affaire classée”.
J’espère le même résultat que lors de la dernière élection présidentielle.
– Sivalogadasan, électeur de 52 ans à Colombo
Des réformes économiques sur fond de crise
Si Dissanayake a fait une campagne très à gauche, avec la faucille et le marteau toujours comme emblème de son parti, il a su rassurer les milieux économiques. Ces derniers craignaient initialement qu’il ne remette en cause l’accord conclu en 2023 avec le FMI pour tenter de redresser l’économie du pays, qui s’était effondrée en 2022.
Le nouveau président compte bien renégocier certaines clauses de cet accord, qui a imposé une cure d’austérité drastique aux Sri Lankais en échange d’une aide de 2,9 milliards de dollars. Mais il s’est engagé à ne pas le jeter aux oubliettes, pour le plus grand soulagement du monde des affaires.
Sur fond de légère embellie économique, Dissanayake veut donner la priorité à la lutte contre la vie chère et la corruption. Des thèmes qui ont largement séduit un électorat épuisé par des mois de grave crise, marquée par des pénuries d’essence, de médicaments et de produits alimentaires.
Premiers pas encourageants sur la scène internationale
Au-delà des enjeux intérieurs, cette large victoire devrait aussi donner au président Dissanayake une légitimité accrue sur la scène internationale. Depuis son élection, il a multiplié les gestes d’ouverture envers l’Inde, la Chine et les pays occidentaux, rompant avec la diplomatie en dents de scie de son prédécesseur.
Ses premiers pas ont été plutôt bien accueillis par les chancelleries étrangères, qui espèrent pouvoir compter sur ce nouveau dirigeant pour stabiliser ce pays stratégique situé au cœur de l’Océan Indien. Un pays qui avait sombré dans le chaos sous la présidence de Gotabaya Rajapaksa, poussé à la démission par un soulèvement populaire en juillet 2022.
Avec cette victoire éclatante aux législatives, Anura Kumara Dissanayake dispose désormais des coudées franches pour métamorphoser le Sri Lanka, en s’attaquant à la fois à la crise économique et à la défiance envers le pouvoir politique. Un immense défi pour cet ancien militant de gauche, qui suscite à la fois de grands espoirs et de fortes attentes.
