La composition du nouveau gouvernement de Michel Barnier ne cesse de faire parler d’elle depuis son annonce ce week-end. Parmi les critiques les plus virulentes, celles d’Olivier Faure, Premier secrétaire du Parti socialiste, qui n’a pas mâché ses mots lors de son passage sur BFMTV lundi soir. Selon lui, ce gouvernement marquerait un véritable retour en arrière pour la France, notamment en ce qui concerne les droits LGBT.
Un gouvernement influencé par la “Manif pour tous” ?
C’est l’une des accusations les plus chocs d’Olivier Faure : il aurait “l’impression que c’est la ‘Manif pour tous’ qui est arrivée au gouvernement”. Ce mouvement, farouchement opposé au mariage pour tous et à l’extension des droits LGBT, serait selon lui surreprésenté au sein du nouvel exécutif. Une critique qui vise notamment deux figures controversées : Bruno Retailleau, nouveau ministre de l’Intérieur, et Laurence Garnier, secrétaire d’État à la Consommation.
Bruno Retailleau, un ministre de l’Intérieur qui divise
La nomination de Bruno Retailleau place Beauvau n’est pas passée inaperçue. Cet ancien participant actif aux manifestations contre le mariage pour tous incarne, pour beaucoup, une droite conservatrice décomplexée. S’il assure aujourd’hui que la loi Taubira “est passée” et qu’il n’entend pas revenir dessus, ses prises de position passées inquiètent les défenseurs des droits LGBT.
Où avez-vous entendu que Bruno Retailleau voudrait revenir sur ce texte ?
Bruno Retailleau, sur TF1
Laurence Garnier, une proche de la Manif pour tous à la Consommation
Autre nomination qui fait grincer des dents à gauche : celle de Laurence Garnier comme secrétaire d’État à la Consommation. Cette ancienne sénatrice LR, elle aussi opposée au mariage pour tous, est considérée comme très proche des milieux traditionalistes catholiques. Sa présence au gouvernement est vue comme un signal inquiétant par les associations LGBT.
Vers un retour en arrière pour les droits LGBT ?
Au-delà des cas individuels, c’est toute la coloration du nouveau gouvernement qui inquiète Olivier Faure et une partie de la gauche. Avec des ministres issus des franges les plus conservatrices de la droite, ils craignent une remise en cause, insidieuse ou assumée, des avancées obtenues ces dernières années en matière de droits LGBT. PMA, GPA, changement d’état civil pour les personnes transgenres… Autant de sujets sur lesquels ce gouvernement sera scruté de près.
La réponse de la majorité
Face à ces attaques, la majorité tente de rassurer. Gabriel Attal, nouveau ministre des Comptes publics et ancien porte-parole du gouvernement, a ainsi demandé à Bruno Retailleau des “garanties” sur le fait qu’il n’y aurait “pas de retour en arrière” sur les droits LGBT. Une manière de désamorcer les critiques tout en mettant la pression sur le nouveau locataire de Beauvau.
Un gouvernement trop à droite pour gouverner ?
Au-delà de la question des droits LGBT, c’est tout l’équilibre politique de ce gouvernement qui est questionné. Avec une dominante très à droite, saura-t-il trouver des majorités à l’Assemblée nationale ? Les premiers arbitrages budgétaires et fiscaux seront scrutés de près, alors que certains à gauche comme à droite, réclament déjà des inflexions. La mesure la plus symbolique sera sans doute le rétablissement des jours de carence pour les fonctionnaires, une promesse de campagne d’Emmanuel Macron que beaucoup à gauche voudraient voir enterrée.
Une chose est sûre : avec un tel casting, Michel Barnier devra plus que jamais composer avec des sensibilités divergentes, au sein même de son gouvernement. Un exercice d’équilibriste qui s’annonce périlleux, sur fond de crise sociale et économique. Les prochaines semaines nous diront si ce gouvernement, déjà contesté, saura trouver sa voie et rassurer les Français sur sa capacité à réformer le pays sans le diviser.