Après des semaines de tractations et de rebondissements, le nouveau gouvernement de Michel Barnier a enfin été dévoilé et se met au travail. Mais les défis qui attendent cette équipe hétéroclite, fruit d’un savant équilibre entre différentes forces politiques, s’annoncent nombreux et complexes. Entre une situation budgétaire tendue, des divergences sur les grandes orientations sociétales et une majorité parlementaire fragile, les ministres vont devoir faire preuve d’habileté et de cohésion pour répondre aux attentes des Français.
Une composition sous haute tension
Fruit d’un savant dosage entre personnalités de la majorité présidentielle, de la droite LR et de la société civile, la composition du gouvernement Barnier a donné lieu à d’âpres négociations entre l’Élysée et Matignon. Si Michel Barnier a assuré qu’il n’y aurait “pas de domaines réservés” au président, les proches d’Emmanuel Macron ne cachent pas leur inquiétude face à certains profils jugés clivants, à l’instar de Bruno Retailleau, patron des sénateurs LR, propulsé à l’Intérieur.
Il n’y a pas de domaines réservés, mais plutôt des domaines partagés.
– Michel Barnier, sur France 2
L’urgence budgétaire
Avec un retard inédit dans l’élaboration du budget 2025 et une conjoncture économique délicate, la première priorité du gouvernement sera de rassurer sur la trajectoire des finances publiques. “Il faut protéger la crédibilité de la France” a martelé Michel Barnier, écartant toute hausse d’impôts généralisée mais n’excluant pas de demander un effort aux plus aisés et aux grandes entreprises.
Des lois sociétales sous surveillance
Autre sujet de friction potentiel : celui des grandes lois sociétales. Alors que certains dans la majorité présidentielle, à l’image de Gabriel Attal, déplorent une “dérive droitière”, Michel Barnier s’est voulu rassurant, promettant que les lois sur l’IVG, le mariage pour tous ou la PMA “seront intégralement préservées”. Le premier ministre a également assuré qu’il prendrait le temps “d’améliorer” la controversée réforme des retraites.
Traiter l’immigration “avec rigueur”
Sur le dossier explosif de l’immigration, le locataire de Matignon a affiché sa fermeté, estimant qu’il fallait traiter le sujet “avec beaucoup plus de rigueur”. Une ligne qui a pu faire tiquer certains dans la majorité, mais qui semble en phase avec l’état d’esprit d’une partie de l’opinion et la nomination de Bruno Retailleau à l’Intérieur.
Ce qui est important c’est que les gens sachent qu’il n’y a aucune ambiguïté sur les grandes lois sociales ou sociétales… Elles seront intégralement préservées.
– Michel Barnier, sur France 2
Tenir une majorité précaire
Pour mener à bien son action, le gouvernement Barnier va devoir composer avec une majorité relative à l’Assemblée, où la menace d’une motion de censure est permanente. Un exercice d’équilibriste périlleux, qui va nécessiter un intense travail de dialogue et de recherche de compromis. Le premier ministre a d’ailleurs appelé son équipe à travailler dans la “plus grande cohésion” et la “plus grande fraternité”.
Les dossiers chauds des prochains mois
Parmi les chantiers prioritaires qui attendent le gouvernement, on peut citer :
- L’élaboration du budget 2025 dans un calendrier contraint
- La préparation d’une nouvelle réforme des retraites
- La définition d’une politique d’immigration ferme mais “humaine”
- La recherche d’un compromis sur les grands dossiers sociétaux comme la fin de vie
- La gestion des tensions internationales et de la guerre en Ukraine
Nul doute que les premières semaines et les premiers mois de ce gouvernement Barnier seront décisifs pour donner le ton du quinquennat et tenter de recréer une dynamique positive dans un contexte politique et social tendu. Entre expérience des négociations internationales et proximité avec la droite, Michel Barnier aura fort à faire pour imprimer sa marque et faire tenir une coalition hétéroclite. Les Français jugeront rapidement sur pièce si ce nouveau casting peut permettre de répondre à leurs attentes et inquiétudes du moment.