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Le Nouveau Front Populaire : Que Cache Son Programme Fiscal ?

Le Nouveau Front Populaire promet de s'attaquer aux milliardaires s'il remporte les législatives. Mais son programme fiscal pourrait toucher bien plus de monde que prévu. Découvrez les détails qui...

À l’approche des élections législatives des 30 juin et 7 juillet prochains, le programme fiscal du Nouveau Front Populaire, l’alliance des partis de gauche, fait couler beaucoup d’encre. Derrière la volonté affichée de faire payer les “privilégiés”, se cache en réalité un alourdissement général de la fiscalité qui pourrait toucher de nombreux Français, bien au-delà des plus aisés. Décryptage.

Abolir les privilèges des milliardaires : ce que cela implique

Le contrat de législature du Nouveau Front Populaire comporte un chapitre intitulé “Abolir les privilèges des milliardaires”. Il prévoit notamment :

  • Le rétablissement de l’impôt sur la fortune (ISF), supprimé sous Emmanuel Macron
  • Une taxation accrue des successions et donations, en abaissant les seuils d’exonération
  • La fin de la flat tax sur les revenus du capital
  • Une contribution exceptionnelle sur les superprofits des grandes entreprises

Mais en réalité, ces mesures ne se limiteraient pas à une poignée de grandes fortunes. Elles toucheraient un spectre bien plus large de contribuables.

ISF : le retour d’un impôt controversé

Le rétablissement de l’ISF, transformé en 2018 en impôt sur la fortune immobilière (IFI), figurait déjà dans les programmes de Jean-Luc Mélenchon et d’Anne Hidalgo en 2022. Il frapperait les patrimoines supérieurs à 1,3 million d’euros.

On estime que le retour de l’ISF concernerait environ 350 000 ménages, soit 1,3 % des foyers fiscaux.

Éric Pichet, économiste

Cela représente certes une minorité de contribuables, mais bien plus que les seuls “milliardaires”. De nombreux chefs d’entreprise et professions libérales seraient dans le viseur.

Donations et successions : quel impact pour les classes moyennes ?

Le programme du Nouveau Front Populaire prévoit de baisser à 100 000 euros par enfant l’abattement sur les droits de succession, contre 200 000 euros aujourd’hui. Au-delà, les montants transmis seraient taxés.

Cette mesure affecterait de nombreux ménages des classes moyennes supérieures, notamment en région parisienne où le prix de l’immobilier est élevé. Transmettre un appartement familial deviendrait un vrai casse-tête fiscal.

Impôts sur le capital : la flat tax remise en cause

Actuellement, les revenus du capital (intérêts, dividendes, plus-values…) sont soumis à un prélèvement forfaitaire unique de 30%, la “flat tax”. Le Nouveau Front Populaire veut y mettre fin pour imposer ces revenus au barème progressif, avec un taux marginal pouvant grimper jusqu’à 55%.

Cette réforme alourdirait la fiscalité de l’épargne et de l’investissement. Même les petits épargnants pourraient voir leur impôt augmenter sur leurs revenus de placements.

Superprofits des entreprises : une taxation élargie ?

La “contribution de crise” prévue sur les superprofits viserait les entreprises ayant réalisé plus de 750 millions d’euros de chiffre d’affaires. C’est bien au-delà des seules multinationales du CAC 40.

Les partis de gauche veulent aussi augmenter le taux d’impôt sur les sociétés, ce qui frapperait l’ensemble du tissu entrepreneurial, des grands groupes aux PME.

Un fardeau fiscal en hausse pour de nombreux Français

Si l’objectif affiché est de “faire payer les riches”, le programme fiscal porté par le Nouveau Front Populaire aurait en pratique des répercussions bien plus larges. Entre ISF, droits de succession, flat tax et autres taxes, ce sont les classes moyennes supérieures et de larges pans des catégories aisées qui verraient leurs impôts grimper en flèche.

La France est déjà le pays de l’OCDE où le taux de prélèvements obligatoires est le plus élevé. L’alourdir davantage pourrait avoir un effet récessif sur l’économie.

Agnès Verdier-Molinié, directrice de la Fondation iFRAP

Au final, le programme du Nouveau Front Populaire semble davantage guidé par une logique de redistribution que par un objectif de relance et de compétitivité. Reste à savoir si les Français seront prêts à en payer le prix dans les urnes.

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