C’est un témoignage glaçant qui résonne dans les couloirs de la COP29 à Bakou. Esther Penunia, une militante philippine du monde rural, est venue porter la voix des petits agriculteurs de son pays, frappés de plein fouet par une série de catastrophes climatiques sans précédent. En l’espace d’un mois, pas moins de six typhons dévastateurs se sont abattus sur l’archipel, semant chaos et désolation. Un nouveau climat qui terrorise les populations locales.
Un mois d’octobre cauchemardesque
« Imaginez les gens, les agriculteurs, ils se remettent à peine d’un typhon, et un autre typhon frappe à nouveau », raconte Esther Penunia, la gorge nouée. Depuis la mi-octobre, c’est un véritable déluge qui s’est abattu sur les Philippines. Six typhons meurtriers en quatre semaines, du jamais vu, même pour ce pays habitué aux tempêtes tropicales. « C’est vraiment très anormal, c’est la première fois que nous avons eu six typhons en un mois », insiste-t-elle.
Le bilan humain est lourd, avec au moins 171 morts selon des sources officielles. Des milliers de personnes ont tout perdu et se retrouvent sans abri. Mais au-delà des vies fauchées, ce sont tous les moyens de subsistance qui ont été anéantis, notamment dans les campagnes. Récoltes dévastées, bétail décimé… L’agriculture philippine est à genoux.
Des récoltes de riz perdues
Esther Penunia gère elle-même une petite exploitation avec son mari. Ils devaient récolter leur riz en novembre. Mais les plants, déjà fragilisés par une sécheresse prolongée, n’ont pas résisté aux pluies diluviennes et aux vents violents des typhons. « Nous étions supposés récolter en novembre, et les typhons sont arrivés », se désole-t-elle. Des scènes de dévastation qui se répètent dans tout le pays, menaçant la sécurité alimentaire de la population.
Le visage du changement climatique
Pour Esther Penunia, ces catastrophes à répétition sont le signe manifeste d’un changement climatique qui s’accélère. « Nous le ressentons au quotidien », assure-t-elle. Son constat fait écho aux avertissements de la communauté scientifique : avec le réchauffement, les épisodes météo extrêmes se multiplient et s’intensifient partout dans le monde. Et les pays les plus pauvres sont en première ligne, alors même qu’ils sont les moins responsables des émissions de gaz à effet de serre.
Le changement climatique est une injustice criante. Les petits agriculteurs philippins en subissent les conséquences dévastatrices.
Esther Penunia, militante écologiste philippine
Un appel à l’aide internationale
Face à ce constat alarmant, Esther Penunia est venue lancer un appel à l’aide à la COP29. Au nom des petits agriculteurs philippins et asiatiques, elle réclame un soutien financier d’urgence de la part des pays riches, principaux responsables du réchauffement. Des fonds pour réparer et se relever, mais aussi pour s’adapter à ce nouveau climat imprévisible et dévastateur.
Elle plaide notamment pour le nouveau fonds “pertes et dommages” négocié à la COP, qui doit compenser les impacts irréversibles subis par les pays vulnérables. « Ce ne sont pas seulement les conditions météorologiques extrêmes qui affectent l’agriculture et les agriculteurs, mais aussi les conditions météorologiques imprévisibles », souligne-t-elle. Des variations qui mettent en péril la survie de millions de familles paysannes.
Financer la transition des petits agriculteurs
Au-delà de l’aide d’urgence, la militante plaide pour un soutien sur le long terme pour permettre aux agriculteurs de s’adapter et d’opérer leur transition écologique. « Nous pourrions nous adapter, tout en contribuant à la réduction des émissions de gaz à effet de serre », assure-t-elle. À condition de financer des « technologies et des pratiques » alternatives comme l’agroécologie et la diversification.
« Nous espérons qu’ils se mettront d’accord sur un objectif financier, en milliers de milliards de dollars », martèle Esther Penunia, déterminée. Son témoignage met en lumière l’urgence d’une solidarité Nord-Sud ambitieuse face aux défis climatiques. Un test grandeur nature pour la crédibilité et la justice de l’action climatique mondiale. Les négociations s’annoncent intenses jusqu’à la fin de la COP29.