Depuis près de deux semaines, le nord du Nigeria est plongé dans l’obscurité après que des jihadistes ont vandalisé une ligne de transmission électrique cruciale. Cette panne géante prive des millions de personnes d’électricité, paralysant l’économie et la vie quotidienne dans 19 des 36 États du pays.
Des actes de vandalisme aux lourdes conséquences
Selon l’opérateur électrique national Transmission Company of Nigeria (TCN), des jihadistes ont saboté la ligne de transmission entre Shiroro et Mando, deux localités de l’État du Niger à l’ouest du pays. Ce vandalisme a coupé l’approvisionnement en électricité de plus de la moitié du pays, affectant plus de 220 millions d’habitants déjà habitués aux coupures fréquentes d’un réseau vétuste et sous-dimensionné.
Mais cette fois-ci, l’ampleur et la durée de la panne sont sans précédent. Les attaques jihadistes récurrentes dans le nord ont aggravé la fragilité du réseau ces dernières années, rendant les coupures de plus en plus fréquentes et longues.
Le président ordonne le déploiement de forces de sécurité
Face à cette crise, le président nigérian Bola Tinubu a ordonné le déploiement de “personnel de sécurité adéquat” pour protéger les ingénieurs pendant les réparations des lignes endommagées, craignant de nouvelles attaques jihadistes. Les travaux avaient en effet été retardés pour des raisons de sécurité.
Les gouverneurs des 19 États touchés se sont également réunis en urgence pour demander le rétablissement immédiat du courant, s’alarmant des conséquences socio-économiques désastreuses de la panne pour la région.
Une économie et une vie quotidienne paralysées
Sans électricité, de nombreuses activités sont à l’arrêt. “Cette panne d’électricité nous étouffe. Nous avons arrêté de travailler car payer un générateur est trop cher”, déplore Umaru Abubakar, un tailleur de Kano. Le prix de l’essence a en effet quintuplé depuis les réformes économiques du président Tinubu en 2023.
L’absence de courant est aussi vécue comme un “cauchemar” par tous ceux qui ne peuvent recharger leurs appareils électroniques pour travailler. “Nous allons dans des hôtels, des bars et d’autres endroits pour recharger nos téléphones et ordinateurs afin de pouvoir travailler”, témoigne Ahmad Isah, un journaliste de Kaduna.
Pénurie d’eau potable et flambée des prix
À Katsina, la panne géante a provoqué une grave pénurie d’eau potable. Depuis le vandalisme, les forages qui approvisionnaient la ville fonctionnent au ralenti avec des générateurs à essence hors de prix. En conséquence, le tarif du bidon d’eau de 25 litres a été multiplié par cinq, devenant inabordable pour de nombreux foyers.
Un pays miné par l’insécurité et fragilisé par une crise énergétique
Cette panne géante met en lumière la grande vulnérabilité des infrastructures énergétiques nigérianes face aux attaques jihadistes. L’État du Niger, qui abrite la plus grande centrale hydroélectrique du pays à Shiroro, est particulièrement touché par l’insurrection jihadiste et les violences des groupes armés criminels depuis plusieurs années.
Selon des experts, ces “bandits” se sont rapprochés des principaux groupes jihadistes de la région, Boko Haram et l’État islamique en Afrique de l’Ouest (Iswap), accentuant la menace sur les installations stratégiques. Un défi sécuritaire majeur pour les autorités alors que le pays est plongé dans une crise énergétique sans précédent.
La population, elle, vit au rythme des coupures de courant et des pénuries d’eau, espérant un retour rapide à la normale. Mais avec un réseau électrique aussi fragile et exposé, combien de temps avant la prochaine panne géante provoquée par des jihadistes ?